Valise dans le coffre, Nótt fièrement installé sur le siège passager, Madeleine conduit doucement jusqu'à Samaragd, les mains tremblantes. Bien-sûr que la douce à pleurer, gâchant ainsi son maquillage. Elle s'est arrêtée une petite heure à un fast-food, le temps de manger un bout et de reprendre ses esprits. James a tout compris sans qu'elle n'ait à le lui dire. Un amour partagé pour le frère et la sœur. Le temps à effacer les sentiments qu'elle avait pour James, son cœur devenant dépendant au souvenir de la belle Murphy. Ce sont des choses qui ne se contrôlent pas. Mady le sait. Elle n'a été que victime de ses propres sentiments sans savoir quoi faire. Et durant toutes ses années, la jolie blonde a préféré ne rien dire pour ne pas le rendre malheureux, lui. De toute manière, Murphy n'a jamais daigné lui montrer la moindre affection, la moindre attention. Elle se raccrocherait à la seule personne l'aimant. Pauvre James. Pauvre homme si doux, au caractère solaire. Il a crié pour la première fois. Il a cogné contre le mur en la maudissant et Madeleine n'a rien dit. Nótt a bien voulu la défendre mais la jeune femme l'en a empêché. James avait raison dans tout ce qu'il disait après tout. Elle est l'unique responsable. Elle est celle qui aime quelqu'un d'autre alors que lui, a toujours tout fait pour la rendre heureuse.

Soupire las, Madeleine passe une main sur son visage avant de glisser ses doigts dans le doux pelage de son Evoli. Unique allié. Le seul qui ne la regardera certainement jamais comme une moins que rien. Elle a bien vu la tronche que tirait la vieille mégère du quartier résidentielle où elle vivait encore, il y a quelques heures. Pour sûr, tout le monde est désormais au courant, avec déformation professionnel de cette vilaine harpie. Mais Madeleine n'a rien à se reprocher dans le fond. Elle ne l'a jamais trompé. Elle n'a jamais été voir ailleurs. Fidèle au poste d'épouse malgré tout, parce qu'elle le devait, parce qu'elle ne pouvait pas lui faire plus de mal. Il était son ami, avant d'être son amant, puis époux, après tout. Finalement, la voiture de la jeune femme grimpe à travers le sentier en piteux état. Murphy a toujours aimé être au calme, loin des autres, après tout. Cela n'est pas étonnant qu'elle vive dans un tel endroit, si reculé du reste du monde. Elle est déjà venue ici. Il y a bien longtemps. Et Madeleine ose espérer aujourd'hui que Murphy lui offrira un toit pour cette nuit. Il est trop tard pour se rendre dans un hôtel ou une auberge désormais.

Mady se gare à quelques mètres du chalet montagnard, lessivée. Il valait mieux pour elle de quitter la maison. De toute manière, James ne l'a pas retenu et l'a poussé un peu plus à faire sa valise et à dégager le plus vite possible. Sortant du véhicule, l'ancienne écrivaine à succès fait signe à Nótt de la suivre tout en se dirigeant vers le bâtiment en bois où vit l'élue de son cœur, malgré qu'il ne se soit jamais rien passée entre elles. Trois coups contre la porte d'entrée, Madeleine attend désormais qu'une âme charitable vienne lui ouvrir la porte. Son visage lui manque. Son odeur également. Mais elle ne pourrait clairement pas dire une telle chose à la sœur de son mari.

Valise à peine remplie qu'elle a jeté dans sa voiture après une dernière dispute. Madeleine a pourtant essayer de cacher ses sentiments ; de rendre James heureux, de l'aimer, à sa manière à elle. Mais ça ne suffisait pas. Ça ne suffisait plus. Il a tout compris et la voilà désormais à errer dehors, rejoignant finalement la demeure tranquille de la belle Murphy pour lui demander un toit pour la nuit. Peut-être que cette dernière ne voudra pas d'elle ? Après tout, cela fait des mois qu'elles ne se sont pas vues toutes les deux et la jolie brune a toujours été assez évasive avec elle, peu proche, peu tactile, peu souriante. Son Evoli à ses côtés, Madeleine finit par frapper à la porte de la grande demeure, les mains moites. Elle ne sait pas vraiment dans quoi elle met les pieds, mais elle n'a que Murphy pour ce soir. Il n'y a que vers elle qu'elle peut se tourner tout de suite. Ses propres parents la jugeraient. Elle le sait, après tout. Mais pas Murphy, n'est-ce pas ?

S'accroupissant pour caresser le petit chat de feu venant l'accueillir avec précipitation, Mady lui caresse le pelage avec douceur avant d'essuyer rapidement ses joues. « H-Hey ... » Murmure à peine audible tandis qu'elle se redresse pour suivre la jolie brune à l'intérieur, se grattant nerveusement le bras. « Je suis désolée … de … débarquer à l'improviste … je … James a demandé le divorce et … je n'ai nul part où dormir.. » Elle grimace, se sentant un peu mal de dire une telle chose à Murphy. Ils sont frères et sœurs malgré tout. Certes, le même sang ne coule pas dans leurs veines, mais ils ont été élevés ensembles, n'est-ce pas ?

Madeleine ne sait pas vraiment quoi dire, ni quoi faire. Quels gestes avoir vis à vis de Murphy ? Elles qui n'ont jamais été si proches au final. Il y a toujours eu des regards, des paroles un peu maladroites, mais jamais rien de plus à dire vrai. Et pourtant … oui, pourtant, Madeleine en est tombée amoureuse. Peu importe si elle est froide ou distante, Murphy semble avoir toucher son cœur pour toujours. Essuyant rapidement ses joues, reniflant tout en essayant de ne pas le faire trop bruyamment, Madeleine la suit à l'intérieur pour se mettre au chaud, son Evoli secouant son pelage tout en regardant autour d'elle avec intérêt. « C'est juste … ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vues ... » Elle avoue, une certaine amertume se faisant entendre dans le son de sa voix tremblante. Elle retire sa veste, remerciant la jolie blonde de la laisser entrer à l'intérieur de chez elle. Décoration de goût qu'elle balaie d'un regard bref. Pour l'instant, il semblerait que Madeleine n'aie d'yeux que pour la belle championne de type ténèbres. « Vraiment … ? Merci beaucoup, j'essaierai de me faire toute petite. » Qu'elle balance avec douceur tout en se massant la nuque, lançant un regard tendre au Flamiaou de la jolie brune. Il semble toujours aussi adorable, c'est vrai. Un peu de chaleur ne lui fera pas de mal après tout.

Madeleine penche la tête sur le côté, s'installant à la table de la cuisine sans quitter Murphy du regard. Elle est toujours aussi splendide. Une beauté naturelle comme on en voit rarement, c'est vrai. « Je ne veux pas te déranger non plus tu sais. Je peux rester qu'une seule nuit, je trouverai une solution demain matin. » Elle avoue, remerciant Murphy lorsque cette dernière lui apporte une tasse de thé. « Je ne veux juste pas causer de mésententes entre toi et ton frère, tu sais. S'il apprend que je suis venue ici, il risque de très mal le prendre. » Oh oui, plus qu'on ne pourrait le croire au final. Après tout, Madeleine a pensé à Murphy parce qu'elle tient à elle. Parce qu'elle a toujours eu des sentiments pour elle sans pour autant les lui avouer. Et au final, James a tout découvert. Il aurait bien du mal à accepter le fait que Murphy lui soit venue en aide, c'est certain.

Madeleine écoute attentivement les paroles de la jolie brune lui faisant désormais face. Sourire qu'elle lui offre, lui faisant soudainement chaud au cœur. Elle aimerait tant se blottir contre elle, mais la jolie blonde sait que ce serait bien trop déplacée de sa part. Alors, elle la suit simplement jusqu'à la cuisine, s'installant sur une chaise avec douceur, sans faire trop de bruits pour ne pas déranger les pokemon de Murphy. « C'est vraiment gentil,Murphy … merci beaucoup. Tu sais.. pour tout ça. Ça fait longtemps qu'on ne sait pas vues et pourtant … tu m'offres une hospitalité unique.. » Et Madi aurait fait de même si cela avait été l'inverse. Évidemment. Elle qui n'a toujours eu d'yeux que pour la jolie brune malgré son mariage avec le frère adoptif de cette dernière, n'aurait jamais pu tourner le dos à cette dernière en cas de besoin. « Non merci ça ira, je mangerai demain, je n'ai pas vraiment faim pour le moment. » Avoue alors Madeleine dans un sourire triste, passant une main dans ses cheveux blonds avant qu'elle ne joue avec la tasse offerte, l'amenant à ses lèvres par moments pour boire une petite gorgée réchauffante.

Une légère grimace, Madeleine offre un regard à Murphy avant de secouer de la tête. Elle a le droit de savoir, n'est-ce pas ? « Non vraiment. Je t'assure qu'il ...ça ne lui plairait pas. » Elle inspire, se massant la nuque avant de fixer sa tasse. Tant pis, si Murphy l'a met dehors après ça. Elle doit lui dire. Au moins, elle saura pourquoi James risque d'être énervé. « Il a finit par comprendre que … malgré qu'on se soit mariés et que je tienne à lui … je sois tombée amoureuse de toi. Il a finit par … découvrir mes sentiments envers toi. » Elle déglutit bruyamment, la jolie blonde sans oser regarder la belle brune assise en face d'elle.

Madeleine n'a jamais osé parler des sentiments qui la tiraillent depuis tant d'années à qui que ce soit. L'amour pour James est différent de celui qu'elle éprouve pour Murphy. Mais au départ, ils se ressemblaient tant. Elle était capable de faire la différence. Et elle était avec lui, avant elle. Elle n'aurait jamais pu lui briser le cœur. Il était si doux, si gentil, si beau, si agréable à vivre. Jamais la blonde n'a voulu lui briser le cœur. « Je n'ai jamais dit que tu étais un monstre. » Répond aussitôt Madeleine, sans comprendre de quoi parle la jeune femme, bien trop naïve pour imaginer le genre d'horreurs auxquelles peut bien participer la femme dont elle est amoureuse depuis tant d'années. Comment le pourrait-il ? L'amour nous rend aveugles, idiots, benêts. L'amour nous rend faibles et pourtant parfois si forts, dans le fond.

« Quoi ? Mais non ! Jamais il ne m'aurait fait du mal, tu sais. » Non, bien-sûr que non. À part peut-être avec les dernières paroles prononcées à son encontre ? Mais ça, Madeleine préfère le garder pour elle, puisqu'elle considère que c'était méritée. C'est méritée. C'est le cas de le dire. Elle lui a fait du mal. C'est ainsi. Baissant les yeux, continuant de jouer avec sa tasse, l'ancienne écrivaine finit par prendre son courage à deux mains avant d'oser regarder de nouveau Murphy. Elle cherche la moindre réaction, mais rien. Seulement le vide. L'air nullement choqué, la voix neutre d'Astrid vient faire frémir ses oreilles et Madeleine se tend un peu plus. Peut-être a-t-elle espéré que cela puisse être réciproque ? Peut-être même qu'elle tombe de haut.

Haussant alors des épaules, la jeune femme termine son thé d'une traite avant de se lever maladroitement pour nettoyer la tasse et la ranger. « Certainement depuis que je t'ai rencontré pour la première fois. Je suis désolée. Je ne vais pas t'importuner avec ça. Je vais juste .. aller me coucher. J'aurais disparu demain matin, en t'inquiètes pas, d'accord? » Elle lui doit au moins ça. Ne pas faire d'histoires. Trouver un endroit où dormir ailleurs qu'ici est la meilleure des solutions. Mais pas ce soir. Ce soir, elle avait besoin de sa présence.  

« Pourquoi tu dis ça ? On t'a déjà fait comprendre que tu paraissais être une mauvaise personne? » Demande avec douceur et inquiétude la jolie blonde qui penche la tête sur le côté dans une incompréhension totale. À ses yeux, Murphy est simplement quelqu'un de renfermé et de solitaire. Elle n'a rien d'une mauvaise personne, bien au contraire. Et malheureusement pour elle, Madeleine n'a aucune idée d'à quel point elle se trompe sur la jeune femme. D'à quel point elle pourrait la décevoir si elle apprenait qu'elle fait partie de la Team Ombre et qu'elle fait même partie des plus hauts placés de cette organisation malfaisante. « Jak' n'aurait jamais fait ça, tu sais. Il peut-être rustre et impulsif, mais il n'a jamais été violent. » Et ça, Madeleine ne le répétera jamais assez. Il a toujours été un homme agréable et aimant, il ne s'est juste pas attacher à la bonne personne au final. Et même si Madeleine n'a jamais fait un seul pas de travers, elle doit avouer qu'au final, il est normal qu'il ai préféré la virer de sa vie.

Finalement, Madeleine ose se pencher sur un sujet sensible. Sur ses sentiments envers la jolie brune. Amour qu'elle ne pense pas partager et pourtant, elle prend son courage à deux mains pour expliquer ce divorce si soudain. Elle se lève rapidement pour nettoyer sa tasse terminée à la hâte, les mains tremblantes. « Parce que tu ne m'as jamais montré le moindre intérêt. Je savais que c'était perdu d'avance. Et … il était là. J'ai toujours apprécié ton frère. Je l'ai aimé, avant de te rencontrer, toi. J'avais bien trop peur de le blesser et … tout s'est enchaîné ensuite. Et tu as finit par ne plus donner de tes nouvelles et par ne plus venir aux repas de famille. » Répond simplement Madeleine tout en regardant par la fenêtre. Regarder Murphy serait bien trop difficile en cet instant. 

Madeleine le sait. Les choses n'auraient pas dû se dérouler ainsi. Briser le cœur de l'homme qu'elle a épousé n'était clairement pas dans ses plans. Elle osait espérer qu'il ne se rendrait jamais compte de tout cela. Elle, qui aimait et aime toujours, la cadette de ce pauvre garçon qui n'aspirait qu'à une vie heureuse et tranquille à ses côtés. L'amour est parfois compliqué. Peut-on réellement aimer deux personnes en même temps ? C'est ce que la jolie blonde s'est toujours demandée. Bien qu'elle ai toujours eu une nette préférence pour la belle brune se tenant à quelques mètres d'elle, sans réellement se l'avouer. Elle n'a jamais voulu voir la vérité en face, Mady. « Je ne pense pas. Enfin, pas à mes yeux. Je suppose que quand la vie ne nous fait pas de cadeaux, on se doit de se protéger. » Répond soudainement l'ancienne écrivaine avec intérêt, perturbée par les paroles de Murphy. Qu'insinue-t-elle ? Est-elle réellement une mauvaise personne ?

Lançant un regard à son Evoli, Madeleine prend une courte inspiration avant que la conversation ne dérive sur le sujet qu'elle aurait préféré éviter. Avouer ses sentiments après toutes ces années de silence est difficile. Encore plus quand Madeleine comprend que cela n'a jamais été réciproque. Elle tente de se protéger au mieux, tout en se disant qu'il s'agit là du Karma, tout simplement. Jak' a le cœur brisé. Pourquoi n'en paierait-elle pas le prix, elle aussi ? Se dégageant avec douceur du geste délicat de la belle brune, la professeur de littérature s'éloigne un peu tout en secouant de la tête. Le mener en bateau. Madeleine hoche faiblement de la tête. « Je … vais juste passer la nuit dans ton canapé. Je me débrouillerais dès demain. Je ne voudrais pas qu'il s'imagine quoi que ce soit. Ni t'impliquer dans tout ça. Je ferai mieux d'aller me coucher. » Répond maladroitement Madeleine en essuyant ses joues sur lesquelles de nouvelles larmes ont coulées. Elle est bien trop sensible, elle, qui a pourtant agit de manière si horrible envers un époux innocent.