sweet home rhode

Aujourd’hui, à ce après de nombreux mois à ne pas sortir de chez lui, James avait décidé qu’il allait quitter son appartement miteux de la Station Service de Rhode pour se rendre à la plage de grain de sel. S’il avait toujours beaucoup aimé les pokémons de type eau, il avait le sentiment d’avoir besoin de se ressourcer, d’oublier tous ses problèmes et de faire un petit entraînement avec ses pokémons, rien de bien méchant. Si il possédait plusieurs pokémons dans son équipe dont un Bébécaille et un Dinoclier, il avait décidé qu’il ne les emmènerait pas avec lui aujourd’hui : il préférait se concentrer d’abord sur l’entraînement de Malosse et de son Hélionceau chromatique. Ils avaient plus que tout besoin de devenir plus puissants et plus forts pour ce qui les attendaient. James sentait le danger venir rien qu’à lever le nez vers le ciel. Les débordements se multipliaient bien trop.

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Il ne pouvait pas se permettre d’avoir une équipe trop faible à ses côtés. Si Zeus avait toujours été un très bon compagnon dans son métier d’inspecteur de police, James envisageait de plus en plus le retour de la Team Ombre dans les parages : de quoi lui donner envie d’entraîner ses pokémons afin qu’ils deviennent plus performants et qu’ils lui soient d’une véritable aide dans la vie de tous les jours.
Pour commencer, déjà, il avait appris à Malosse à suivre une piste. Lorsqu’il était sorti pour une mission la dernière fois avec Charlie, il s’était rendu compte de son véritable talent de sniffeur, et il avait décidé d’exploiter ce talent pour leur permettre de capturer des malfrats qui consommaient ou quelque chose dans le genre. Un chien capable de suivre une trace était toujours un bon chien. Et James avait bien l’intention d’entretenir cela chez son nouveau compagnon d’aventures.

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Bien sûr qu’il n’allait pas laisser Zeus de côté. Il se voyait mal faire cela à son premier pokémon et son meilleur compagnon. Mais il savait pertinemment que la Team Ombre était de retour : son instinct le lui disait. Il n’était qu’un bleu quand ils avaient été mis à bas, il y a dix ans. Il venait d’entrer dans la police, il n’y connaissait pas grand-chose et se fiait aux grands au-dessus de lui tout en tentant de se faire sa place. C’était grâce à ses prouesses sur le terrain qu’il en était là où il en était : un inspecteur de police renommé, qui n’avait que le commissaire au-dessus de sa tête. Aujourd’hui, il n’avait plus tellement à se soucier de ce qu’il se passait au-dessus de lui, il était bien plus libre qu’autrefois dans ses agissements. Il pouvait partir en mission ou suivre une piste qu’on ne viendrait pas le faire chier.

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Il pouvait même tout envoyer valser, s’il le voulait. Il pouvait y aller tout seul - même si c’était clairement déconseillé - ou bien y aller avec un ou deux coéquipiers. Il n’était plus vraiment obligé de regarder les autres faire des missions plus importantes pendant qu’il était mis de côté. Désormais, c’était lui qui décidait où est-ce qu’il allait et n’avait plus à être affecté ici et là en attendant qu’une affaire intéressante se pointe et lui file sous le nez. Il y a quelques mois, par exemple, ils ont découvert d’étranges activités sur l’Île Ténébra. Il n’aurait jamais soupçonné que la Team Ombre face à nouveau son apparition, mais aujourd’hui, il en était plus que certains : ils étaient de retour et ils risquaient de faire mal. Parce qu’un groupe qui naît ne s’alimentent de rien si ce n’est d’un peu d’ambition. Leur chef ne verra qu’un objectif à atteindre, voilà tout.

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Mais un groupe qui a été dissous est toujours alimenté par une forme de rage ou de rancœur. C’est à ce moment-là qu’ils deviennent prêts à tout pour détruire le monde. C’est à ce moment-là qu’il faut se montrer beaucoup plus prudent, méfiant. Chaque affaire qui tombe sur son bureau est sujette à un questionnement complet. Est-ce l'œuvre de la Team Ombre ou d’une personne indépendante ? À quel point la Team Ombre aura-t-elle le bras long aujourd’hui ? Est-ce qu’elle sera capable de corrompre les policiers ? Devra-t-il se mettre à se méfier des siens, mais à partir de quand ? Maintenant, plus tard ? Toute cette nouvelle pression sur ses épaules le rendait malade. Il avait déjà tellement à faire dans sa vie personnelle, il fallait qu’ils reviennent maintenant. Ils n’auraient pas pu attendre un peu, peut-être le temps qu’il fasse son deuil, par exemple, non ?

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Non, il avait fallu qu’ils se déclarent maintenant. Qu’ils ne lui laissent pas d’autre choix que de se replonger dans ses affaires, quitte à le faire vriller. Parce que mine de rien, James n’était pas loin de vriller avec tout ce qu’il se passait en ce moment. Il n’avait pas encore encaisser véritablement le départ de Madeleine. Il n’avait pas encore non plus vraiment pardonné à Murphy pour ce qu’elle lui avait fait. Pendant un long moment, il lui en avait voulu. Parce que James était un homme rancunier, un homme qui ne savait pas marcher autrement que par la rancune. Qui n’avait qu’un mot en tête : vengeance. Mais il avait suffisamment la patience pour réfléchir à comment il allait prendre la chose. Peut-être même qu’il allait finir par passer à autre chose si elle faisait suffisamment d’efforts. Impossible à savoir jusqu’ici, vu qu’il ne l’avait pas beaucoup revu.

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Il avait croisé sa jeune sœur une ou deux fois après le départ de Madeleine et au Festival du Soleil. À chaque fois, elle avait tenté un discours, elle avait tenté de se racheter auprès de James mais il n’était pas prêt. Ce n’était que des mots vides de sens à ses yeux, qui n’avaient pas leur place dans le pardon. Tout ce qu’il voulait voir de sa part, c’était des actes qui lui prouvent qu’il peut lui pardonner, qu’elle s’en veut, qu’elle a changé ou qu’elle veut changer. Mais jusqu’ici, il n’avait rien obtenu de tout ça, il n’avait fait que la regarder dans le blanc des yeux pendant qu’elle lui disait qu’elle s’en voulait et qu’il ne s’était rien passé. Mais il n’était pas dupe. Non, au contraire, il était même inspecteur de police, suffisamment rusé pour savoir qu’il y avait des choses qu’elle ne lui disait pas.

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Malosse attrapa le jean de sa jambe et tira dessus pour le faire réagir. Depuis qu’il était arrivé dans le désert de rhode il y a moins d’une heure, en pleine matinée, James n’avait fait que rester dans ses pensées. Autrefois, il aurait été bien plus concentré dans l’entraînement de ses pokémons, plus impliqué aussi. Mais depuis, il avait pas mal grandi. Suffisamment, du moins, pour ne plus prêter suffisamment d’attention aux siens. Hélionceau le regardait de ses grands yeux. Malosse venait de lui lâcher la jambe. « Qu’est-ce qu’il y’a ? » Il voulait qu’il s’occupe de lui, évidemment. Qu’il arrête de se focaliser sur Madeleine, sur la Team Ombre, sur Murphy. Peut-être bien qu’un jour, James finirait par penser à lui un jour avant de penser aux autres ou au boulot. Avant de se plonger dans quelque chose pour en oublier une autre. Un jour, peut-être, oui.

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Mais en attendant, il allait devoir se concentrer sur ce qu’il se passait sous ses yeux tout de même. Pendant qu’il était à moitié là, Malosse était notamment occupé d’un Rattata. Il avait enchaîné quatre attaques. Il en avait loupé deux et avait fini par mettre une bonne raclée au pokémon sauvage qui n’avait pas demandé son reste. James savait qu’il aurait dû le féliciter pour avoir autant donné dans ce premier combat. Autrefois, il aurait été juste à côté de lui, en train de l’encourager. Et chaque fois qu’il pensait à l’homme qu’il était il y a quelques mois, il ne cessait de se demander comment il pourrait faire pour revenir à la normale. Pour être lui-même à nouveau. Peut-être qu’il lui fallait simplement d’autres affaires. Ou bien des combats d’arène, des entraînements, non ? Non, ce qu’il lui fallait, c’était de passer un bon moment, en bonne compagnie.

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Pourtant, une question subsistait : avec qui ? Madeleine n’était plus là. Elle était partie, elle l’avait abandonné. Elle lui avait laissé un message sur son vokit. Et elle s’était barrée. Aucun moyen donc pour lui de la recontacter, de renouer, de changer les choses, de se battre pour elle et pour leur histoire, peu importe à quel point il pouvait lui en vouloir. Murphy n’était même pas envisageable avec les choses qui se passaient avec sa soeur pour espérer passer un bon moment avec elle. Il y avait toujours Dwight, mais James savait aussi que chaque fois qu’il allait le voir, c’était pour ressasser le passé puis boire pour oublier. Quoi de mieux que cela, franchement ? Sauf qu’en ce moment, il n’avait pas besoin de noyer sa peine dans des verres. Du moins, ce n’était pas ce qu’il avait envie de faire actuellement. Il avait besoin d’autre chose. De quelqu’un d’autre.

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Et il n’y avait qu’une seule personne qui puisse lui venir en tête à l’heure actuelle quand il songeait à cela : Charlie. Charlie parce qu’elle avait été une femme qu’il avait toujours beaucoup admiré. Il avait hâte de la voir gagner quelques badges, il rêvait de la voir brandir celui qu’il lui donnerait et qu’elle s’en aille pour revenir un jour avec une collection complète de badges. C’était lui qui lui avait proposé de faire évoluer son Evoli et elle avait finalement décidé de lui donner une Pierre Feu. Il savait qu’elle s’entraînait dur. Plus dur que lui au moins. Elle ne devait pas rester plantée là à regarder ses pokémons faire tout le boulot alors qu’il ne leur prêtait aucune attention, pas vrai ? Il avait l’impression d’être dans un autre monde aujourd’hui, comme si quelque chose le retenait. Comme si une autre réalité lui faisait face. Comme si …

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Malosse lui tira à nouveau la jambe. Cette fois-ci, James secoua la tête pour se sortir de ses pensées. Entre temps Malosse avait déjà battu un Miaouss et désormais, un jeune Evoli avait fait son apparition devant eux. Cela faisait un moment qu’il cherchait un pokémon comme lui. Sauf que le plus étonnant, c’était sa fourrure argentée. D’habitude, un Evoli possède une fourrure brune et là il … oh. Il s’agissait d’un Evoli chromatique, il venait enfin de comprendre. Comment le laisser partir, non, impossible. « Malosse, ne l’attaque pas, s’il te plaît. J’ai d’autres projets pour lui … » Il envoya sa pokéball sans attendre, avec un léger sourire aux lèvres. Hors de question de laisser passer une occasion pareille. Jamais il n’en avait vu de ses propres yeux et il était bien décidé de ne pas le laisser filer. Imaginez juste cinq secondes une si belle évolution d’Evoli …