Cae’ s’arrêta plusieurs mètres devant moi, touchant du bout de ses pattes quelques feuilles étranges qui dépassaient du sol. Il me lançait un retour, et le petit Gobou semblait tout aussi perplexe que moi. Ce fût lorsque Cae’ décida de prendre une petite bouchée que les feuilles se mirent à bouger, que le Gobou sursauta de peur. Un petit Pokémon sortit du sol, visiblement fâché d’avoir été dérangé dans son sommeil, et mon Pokémon prit la poudre d’escampette pour venir se réfugier derrière mes jambes.

Un Tournegrin nous fixait du regard, et je fis quelques excuses envers le Pokémon plante tout en reculant de quelques pas, pour lui faire comprendre que nous n’étions pas menaçants. Cela fonctionna puisque le petit Pokémon retourna dans son sommeil. Je regardais Cae’ qui était toujours réfugié derrière ma jambe, laissant un petit rire s’échapper de mes lèvres.

- Tu as le tour pour te mettre dans le pétrin!

Le Gobou fit la moue puisque je riais, mais il savait que je le taquinais, puisqu’il me fit un grand sourire avant de partir à la course, dans une direction opposée. Je souriais, me disant que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il fasse une autre bêtise.

Je m’assis dans le sable, sortant mon cahier à croquis. Même si le Tournegrin était parti, je commençais à esquisser un dessin de la scène entre Caeruleum et le pokémon Plante. Un léger sourire au visage alors que je rejouais l’événement dans ma tête, pour me remémorer les détails. C’était la première fois que je voyais ce Pokémon, sauf dans les livres bien sûr. Même dans la forêt Sacrée, je n’en avais pas croisé… Il est toutefois vrai que Tournegrin peut davantage se camoufler dans un boisé qu’au milieu d’une plage, ce qui serait une explication probable que je n’en ai jamais vu.

Je grimaçais, me disant que mon manque d’expérience certain en matière de capture de Pokémon était probablement la cause la plus plausible. Je ne savais pas où et quoi regarder après tout.

J’entendis Gobou revenir vers moi, pour se faufiler sur mes cuisses afin de regarder mon croquis. Il me fit un regard amusé, en voyant que je l’avais (encore) dessiné, dans une scène humoristique. Cae’ baissa mon cahier à dessin, pointant la mer au loin. Je vis un Pokémon blanc qui faisait des sauts en dehors de l’eau à plusieurs reprises, comme pour attirer notre attention.

Je sortis mon téléphone, pointant la caméra vers le Pokémon en espérant l’identifier puisque je ne savais pas quel Pokémon Poisson faisait des bons. Un Froussardine? Rangeant mon matériel, je me dirigeais vers la mer, soupirant de déception en voyant que le Pokémon était reparti…

Ma déception fût de courte durée, puisque mon regard fût attiré vers un autre Pokémon qui marchait le long de la berge. Avec son coquillage sur le ventre, et ses teintes de bleus et blancs sur son corps, il était facilement reconnaissable comme un Moustillon. Je trépignais intérieurement de joie de voir un spécimen d’aussi proche.

J’intimais Caeruleum de s’approcher de moi, tout en me dépêchant de sortir une Pokéball de mon sac à dos. Je vis les yeux de mon Pokémon s’illuminer, en comprenant que j’allais tenter de capturer le Moustillon. Cela impliquait un combat, et j’étais très nerveuse à l’idée de combattre pour une première fois en vrai. J’avais fait quelques simulations au Laboratoire Pokémon, surtout quand Florent était présent… Non seulement cela remontait à plusieurs années, mais c’était une simulation, pas la réalité!

Ma nervosité n’était pas de l’anxiété. C’était de la trépidation et de la hâte face à ma première capture, mais aussi une certaine peur de rater l’occasion. Je manquais de pratique, mais pas de théorie : je m’étais tellement préparée par d’innombrables lectures et visionnements vidéos.
Gobou se plaça devant moi, prêt à en découdre. Tournant la Pokéball dans ma main, je la lançais sur le Moustillon, qui me fixa l’espace d’un instant avant d’être enveloppé d’un faisceau blanc.

Faites que la capture réussisse, pensais-je.

1… 2… 3… Clic.

Je clignais des yeux plusieurs fois, fixant la Pokéball qui était devenue inerte au sol, après les trois mouvements. Je ne le croyais pas : est-ce que ma première capture a réussi?

- On l’a eu!, dis-je en regardant Caeruleum, qui me fixait d’un regard incertain en mon absence de réaction.

Le Gobou sauta de joie, faisant le tour de mes jambes à la course à plusieurs reprises. Un sentiment d’euphorie m’envahit alors que je me dirigeais vers la Pokeball, la prenant doucement dans mes mains comme si c’était une porcelaine fragile. Je l’effleurais du bout des doigts, un sourire plastifié au visage. Je la rangeais dans mon sac, pensant déjà aux multiples idées de noms que pourrait avoir ce petit Moustillon. J’avais hâte de lui montrer sa nouvelle maison.

Je pris Caeruleum dans mes bras, lui chatouillant le ventre. Il se tortillait de rire, avant de se frotter la tête contre moi, tout en poussant un son qui ressemblait à un couinement. Il était visiblement aussi content que je l’étais! Je le comprenais aussi, il aurait un nouvel ami pour jouer dans la piscine.

Je m’assoyais au sol, sortant une deuxième fois mon cahier à croquis pour esquisser la capture du Moustillon. J’allais le peaufiner et le peindre sans hésitation à la maison. Au bout d’une trentaine de minutes, satisfaite de mon brouillon, je regardais mon Pokémon, le questionnant;

- On continue?

Un hochement de tête affirmatif sans hésitation, ce qui ne me surprenait pas. Il était toujours prêt pour l’aventure. Je l’étais autant que lui d’ailleurs.

Je sentis Caeruleum se frotter sur ma jambe, pour attirer mon attention sur un trou dans le sable, quelques mètres plus loin. Je lui fis un sourire. J’appréciais le geste, et même si je faisais attention à mes pas pour éviter de trébucher, une erreur est si vite arrivée. Port-Amarée était proche, donc le Centre Pokémon aussi. Mon téléphone était dans un petit sac de voyage imperméable, avec une charge pleine. J’avais prévu quelques médicaments dans mon sac, tels que des anti-douleurs, des bandages, un antiseptique, un désinfectant ainsi qu’une aiguille et un fil, si j’ai besoin de fermer une plaie ouverte. Je n’avais pas peur de me fracturer un os, sachant que les secours arriveraient à temps… J’aimerais bien en dire autant pour les autres lieux de Rhode, comme le désert ou la montagne.

Proche des vagues de la plage, j’aperçu un Rémoraid qui nous fixait. Comme à chaque fois, je sortis mon cahier de croquis, esquissant le Pokémon poisson. Caeruleum le fixait d’un drôle de regard, jusqu’à ce que le Remoraid attaque Gobou. Je sursautais de peur, m’éloignant alors que Cae’ fit un sifflement grave, avant de lancer une attaque Détritus pour repousser l’intrus.

Même si l’attaque Détritus manqua sa cible, le Rémoraid sembla pris de peur, décidant de rebrousser chemin vers la mer. Je poussais un soupir de soulagement, alors que mon cœur qui battait à toute allure se calmait tranquillement. Une forte inquiétude prit le dessus, et je me penchais alors que Gobou s’approchait de moi. A-t-il été touché?

- Es-tu blessé?

Cae’ hocha négativement la tête, mais je regardais quand même son corps pour détecter le moindre signe de blessures, aussi minimes soient-elles. Par chance que j’avais quelques potions sur moi, ainsi que du matériel médical. Même si c’était destiné aux humains, je savais quels médicaments pouvaient être donnés sans risque, et à quelle dose. Et puis, il n’y a rien de mieux qu’un bandage et des points de suture pour des lacérations selon moi.

Je frottais le cou de Caeruleum, le remerciant dans un murmure d’avoir fait fuir le Pokémon. Je fronçais les sourcils alors que j’étais dans mes réflexions. Si je voulais davantage capturer de Pokémon pour agrandir mon équipe, des rencontres comme celles-ci pouvaient arriver. Même si le combat Pokémon m’effraie, il y a un jour où je devrais affrontée cette peur. Il y a des Pokémons dans ce monde qui auront beaucoup moins de pitié que ce Rémoraid.

Un frisson me parcourut le corps alors que la simple pensée d’un Pokémon Obscur effleura mon esprit. Au moins, il n’y avait pas d’inquiétude à avoir ici…

Je me dirigeais proche de la mer, laissant mes pieds pataugés dans l’eau peu profonde. Caeruleum en profitait pour se baigner, m’arrosant les jambes avec sa queue à plusieurs reprises. Il s’enfuyait aussi que je tentais de l’arroser en retour. Je respirais à grandes bouffées l’air marin, essayant de me relaxer à la suite des quelques minutes qui ont été intense en émotions fortes. Je m’enfonçais jusqu’aux mollets dans l’eau, regrettant que je ne puisse pas enlever mes orthèses. C’était difficile de me tenir debout sans elle, et ce n’était pas le contexte le plus approprié pour avoir un équilibre chambranlant.

Je sentis quelque chose de moite frôler ma jambe droite, poussant un petit cri de surprise. Je regardais dans l’eau, voyant des écailles rouge écarlate se laisser bercer au gré des vagues. Serait-ce un Magicarpe?

Le Pokémon poisson fit un petit rebond hors de l’eau avant de plonger à nouveau, me laissant voir que c’était bel et bien ce que je pensais. Un sourire s’étira sur mes lèvres alors que je sortis un nouvel Pokéball de mon sac, songeant que ce petit poisson serait une belle addition.

Caeruleum s’approcha de moi en voyant la Pokéball dans mes mains, prêt à toute éventualité.

Alors que je lançais la Pokéball, je me questionnais si ma capture aurait autant de succès que la dernière…

Un deuxième échec… Encore plus frustrée, le Magicarpe renouvela son assaut, que Caeruleum encaissa. Je voyais que ses jambes commençaient à trembler sous l’effort, et sa respiration était haletante. Même si ce Pokémon serait une belle capture, je refusais de mettre Cae’ davantage à risque pour mes propres ambitions. Retournant le Gobou à sa Pokéball, je quittais la mer pour me rendre sur la plage, m’assoyant dans le sable.

Une fois en sécurité, je sortis de nouveau le Pokémon Eau, qui vint se réfugier dans mes bras. Je sortis une couverture chaude de mon sac, couvrant Caeruleum pour le protéger de la brise nocturne. Je le caressais, tout en le félicitant pour ses efforts. Même si j’étais déçue d’avoir échouée, ce n’était que partie remise.

Je me couchais dans le sable, utilisant mon sac comme oreiller. Je fixais les étoiles qui brillaient dans le ciel, ciblant les différentes constellations. Au bout d’une trentaine de minutes, je sentis Cae’ bouger sous la couverture, pour sortir sa tête, m’affichant un grand sourire, que je lui rendis.

- On rentre à la maison?

Le Gobou me fit une mine déçue, son regard se portant vers la mer. Il est vrai qu’on venait si peu à Port Amarée.

- Tu es certain de vouloir rester?

Un hochement de tête positif, alors qu’il sauta de mon ventre pour se diriger vers mon sac, visiblement revigoré. Il sortit les deux Pokéball qui restaient, sous mon regard interrogateur.

- C’est vrai qu’il nous en reste deux…

Un léger sourire aux lèvres, je me relevais, époussetant le sable de mes vêtements.

Continuant de marcher le long de la berge, j’étais perdue dans mes pensées. J’aurais voulu capturer le Magicarpe. Malgré la déception amère, je pouvais me réjouir de la nouvelle addition à l’équipe. Je réfléchissais à des noms sous la thématique de l’eau, évoquant la mer, l’océan, le sel marin, les vagues… Je préférais laisser le petit Moustillon choisir : cela allait devenir son prénom au final, donc la décision lui revenait. Je me questionnais aussi si ce nouvel arrivant allait bien s’entendre avec mon Gobou.

Mon regard fût attiré par Caeruleum qui sautait un peu plus loin, pour visiblement attirer mon attention. Haussant un sourcil, je me dirigeais vers lui. Je fus surprise de voir un Écayon échoué sur la plage, probablement pousser par les vagues de la mer. Prenant mes mains, je creusais autour du Pokémon poisson, aidée par mon Gobou. Puis, je creusais un chemin assez profond pour l’Écayon puisse nager, et assez loin pour que l’eau soit profonde. Satisfaite, je fixais une vague qui remplit le petit canal qu’on a créé, permettant à l’Écayon de retourner à la mer.

Je continuais mon chemin, avant de sentir un objet sous mes pieds. Sans que je sois blessée, je grimaçais toutefois sous la douleur. Ce n’était pas agréable de piller sur un objet solide alors qu’on s’attend à être dans le sable.

Je posais mon regard au sol, allumant la lumière de mon téléphone pour mieux voir ce que c’était. Je fus agréablement surprise de constater qu’il y avait un coquillage qui était à moitié enfoui sous le sable. Utilisant mes mains pour déterrer l’objet, je le nettoyais doucement dans l’eau de mer, utilisant un bout mon chandail pour l’assécher. Je le rangeais dans mon sac, contente de pouvoir le rajouter à ma collection. Je vais devoir penser à me construire un espace spécifique pour mes coquillages, afin de les exposer. C’était dommage de les collectionner pour qu’il soit ranger dans une boite.

Au loin, je vis un Sancoki qui dormait paisiblement. Mon cahier a croquis fût rapidement entre mes mains alors que je profitais d’un modèle immobile pour faciliter mon dessin. Les couleurs sur le Sancoki était magnifique, et j’avais déjà hâte d’ajouter de la couleur sur le dessin.