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@ella reyes

Quelques semaines auparavant, alors que Maxyne rentrait chez elle, Morgan, son frère et colocataire, lui avait parlé d’une femme qu’il connaissait et avec laquelle il pourrait bien s’entendre. Au début, Max était restée un peu sceptique, mais la façon dont il avait parlé d’elle avait suffit pour faire confiance à Ella Reyes. Elle avait appris après une petite rencontre que la jeune femme était la pilote de course de l’écurie Suicune et qu’elle se débrouillait drôlement bien. Malheureusement pour elle pour cette année, elle n’avait pas gagné face à l’indétrônable Charlie Spinster. Si Maxyne en avait été désolée, elle n’y connaissait malheureusement rien à la course. Elle n’avait donc pas pu argumenter davantage. Finalement, la discussion avait été écourtée par un appel du laboratoire pour Maxyne et elle avait proposé à Ella de se retrouver plus tard pour qu’elle lui présente un spot de fouilles afin de faire plus ample connaissance.

Le rendez-vous avait été fixé au Dernier Sommet. Maxyne, dont la fraîcheur passait à travers ses vêtements, s'était emmitouflée dans un gros gilet. Son Evoli, quant à lui, avait gonflé sa fourrure pour supporter les rafales fraîches de la matinée en montagne. Au lieu d’attendre Ella dehors dans le froid, Maxyne avait décidé de l’attendre dans sa voiture avec le chauffage jusqu’à ce qu’elle arrive.
Lorsqu’elle fit son apparition, Maxyne quitta sa voiture, enfila un bonnet et des gants puis s’approcha d’elle.

« Désolée, je pensais pas qu’il ferait aussi froid en venant ici aujourd’hui. Si tu veux qu’on change de spot, on peut s’arranger. » proposa-t-elle amicalement.

C’est connu, j’aime rencontrer de nouvelles têtes, surtout lorsque ces-dites têtes sont introduites par des personnes estimées tel que Morgan Ashfall. Un drôle de type cet éleveur, avec qui je m’entends bien car sur bien des points nous sommes semblables. Il a cru de me présenter sa sœur, Maxyne en pensant que tout naturellement nous cliquerions comme lui et moi. Jusqu’à présent, il n’avait pas tort. Sa jeune sœur me paraît pour le moment sympathique et puis elle m’a invitée à une petite excursion en duo afin de me faire connaître sa passion : celle de la paléontologie. N’ayant jamais possédé un esprit particulièrement scientifique, c’est davantage la perspective d’une aventure et d’une agréable socialisation qui m’a convaincue d’y aller. Puis traîner avec une championne de Colosseum ne peut nuire à ma propre réputation, qu’il ne faudrait bien entendu pas négliger. Je fais donc appel à mes Pokémon et me dirige en voiture jusqu’au lieu de rendez-vous. À mon habitude, je conduis trop rapidement pour véritablement respecter la loi. Tant pis, les limites sont créées pour êtres dépassées à mon sens. On n’empêche pas une pilote de peser sur la pédale de gaz, c’est tout simplement contre-nature.

Voyant la voiture de Maxyne je me gare de manière un peu brusque avant d’émerger de l’habitacle, mes lunettes fumées couvrant mon visage. Un vent assez fort vient aussitôt m’assaillir et je frissonne sans toutefois m’en plaindre. J’aime bien la chaleur mais une pause une fois de temps en temps ne peut pas faire de tort. À ma suite traînent Bilis, Udan et Ilaw. Tous dotés d’une épaisse fourrure, ils ne craignent pas la fraîcheur, contrairement à Maxyne qui semble regretter sa décision. Mon sourire se change en léger rire. J’avais prévu le coup avec un manteau bien chaud et des bottines appropriées, cependant je n’ai pas pensé à prendre un chapeau comme elle… de toute manière risquer de me décoiffer ? Peu pour moi.

«Pas du tout, ça me va parfaitement ici. Puis si on a froid, on aura qu’à se coller.»

Comme pour illustrer mon propos, j’attrape l’Evoli à mes pieds et la blottit contre moi. Ilaw en profite pour m’adresser une petit léchée sur le nez.

«Puis il semble y avoir des Pokémon intéressants dans le coin.» je fais en voyant, perché sur un arbre, ce qui semble être un Sonistrelle.

Je reporte ensuite mon attention vers Maxyne avec ce regard aventurier et passionné qui me caractérise. Est-elle prête à relever des défis aujourd’hui ?

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Le vent glissait jusque sur ses jambes pour tenter de la faire frissonner alors qu’elle venait de claquer la porte de sa voiture. En s’avançant vers Ella, elle vit que celle-ci avait davantage pris ses précautions par rapport au froid. En général, Maxyne savait être préparée aux intempéries, mais elle était partie un peu vite de chez elle ce matin, ne prenant pas le temps de regarder la météo. Ce n’était clairement pas dans ses habitudes. En tant que paléontologue, elle avait toujours été très stricte sur beaucoup de choses, dont son travail où elle était particulièrement minutieuse. Aujourd’hui, elle avait néanmoins le droit de se relâcher : en jour de repos, elle n’était pas censée chercher des fossiles mais simplement profiter d’une belle journée en compagnie d’une jolie femme.

« Parfait, alors, allons-y. » lui lança-t-elle en souriant alors qu’elle venait de prendre son Evoli dans les bras. Maxyne lança un coup d'œil à son propre pokémon qui commençait à courir dans tous les sens pour se réchauffer. « Viens, Princesse. » Elle ouvrit ses bras pour permettre à son pokémon de sauter et de la réceptionner sans problème. La fourrure de son Evoli contre sa joue la fit aussitôt sourire. « Ah, arrête de bouger, Princesse, tu me chatouilles le nez. Je vais éternuer après. »

Maxyne emboîta le pas à Ella tandis qu’elle lançait une pokéball vers un joli Sonistrelle qui était posé sur la branche basse d’un arbre. Au prix d’un lancé magnifique, elle n’eût aucun mal à le capturer.
« Félicitations. Et excellent lancé, surtout ! » Elle avait déjà l’impression de l’admirer. « Dis-moi, qu’on essaye de reprendre ce qu’on disait la dernière fois, tu t’en es sortie comment pour tes courses ? Si je me souviens bien, c’est Charlie qui est arrivée en tête ? Elle court avec quelle écurie ? »

Un Evoli a ses bons côtés, il faut le dire. Avec une telle fourrure, Ilaw me réchauffe de cette fraîcheur qui règne sur les montagnes. Puis elle ne rechigne jamais devant la perspective de quelques câlins, bien au contraire. Je peux constater que Princesse, celle de Maxyne, partage plusieurs points communs avec son homologue. Une énergie contagieuse et insatiable les anime toutes les deux. Je suis tentée de demander à la dresseuse quelle forme prendra son amie, mais l’arrivée de ce Sonistrelle m’en distrait quelques instants et bientôt l’interrogation m’a quitté l’esprit. Cette chauve-souris, avec les soins nécessaires, deviendra un jour un fier dragon à la puissance incomparable. Je ne laisse donc pas passer la chance de le capturer. Mon lancé est parfaitement exécuté et avec un sourire un peu pompeux, je récupère mon dû. Ma fierté ne fait que s’accentuer devant les louanges de la jeune femme.

«Merci, ce n’est pas rien comme compliment venant d’une Championne de Colosseum. On travaille durement à améliorer l’équipe, ces temps-cis.» je fais en guise d’explication.

Ce n’est pas du tout la première fois que je capture un Pokémon, l’ayant fait souvent pour la Team Ombre après tout. Cependant je me garde bien de l’ajouter. Mon entraînement inclus depuis toujours une part servant à aiguiser ma précision, on dirait qu’aujourd’hui il porte ses fruits. J’ai déjà de grands projets pour cette chauve-souris et un grand sourire éclaire désormais mon visage. Un sourire qui se fane à la mention de ma rivale, pour laisser place à une froide frustration.

«Charlie Spinster.» l’épine dans mon pied depuis mes débuts dans le monde de la course. «Elle court pour l’écurie Raikou, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne se fasse déclasser si tu veux mon avis. Je veillerai bien à lui faire une compétition acharnée cette année.»

Mon ton trahit ma frustration devant ma performance que je juge insatisfaisante. Elle le sera jusqu’à ce que je ramène le fameux trophée chez moi. Malgré tous mes efforts, ce rêve demeure vain pour le moment.

«J’aurais dû mieux courir. Si je l’avais fait, le résultat serait différent. Je suis compétitive dans la vie, une défaite ne me satisfait jamais.»

Je me suis quelque peu assombrie avec cette discussion, je décide donc d’alléger un peu l’ambiance avec cette question qui m’est venue tout à l’heure et à laquelle je n’ai pas trouvé réponse.

«Princesse, tu comptes l’évoluer sous quelle forme ?»

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Maxyne aimait beaucoup Princesse mais elle avait toujours été davantage fascinée par les pokémons fossiles que par les autres. Notamment parce qu’ils dégageaient probablement quelque chose de particulier à ses yeux, comme une sorte d’aura. C’est un peu comme si elle les mettait sur un piédestal parce qu’ils étaient capables de reprendre soudainement vie grâce à un laboratoire. C’était une chose que Maxyne avait eu beaucoup de mal à concevoir quand elle était petite mais qu’elle trouvait toujours aussi incroyable aujourd’hui. En revanche, il y avait peu de pokémon capable de la réchauffer par des températures pareilles. La fourrure de son pokémon lui fit énormément de bien tandis qu’elle se tournait vers Ella pour poursuivre leur discussion tandis qu’elles marchaient désormais côte à côte. Maxyne en profitait parfois pour scruter les traits de son visage et se surprenait à les admirer. Elle trouvait qu’Ella était une très belle jeune femme.

« Tu envisages de t’attaquer aux arènes ? » demanda-t-elle, curieuse. Elle semblait d'ores-et-déjà être une dresseuse hors-pair qui avait sûrement sa place sur ce chemin. Elle avait l’air d’enchaîner de nombreuses activités, tout comme elle. Et cela lui plaisait beaucoup. Elle aimait les personnes comme elle qui avaient une vie bien remplie. Ça donnait peut-être peu l’occasion de se concentrer sur des relations, qu’elles soient amicales, familiales ou amoureuses, mais au moins, la personne comprenait que le temps puisse manquer.

« Oh. Eh bien, je te souhaite d’y arriver. Tu cours pour quelle écurie, toi ? » Elle lisait dans son regard une certaine frustration de ne pas avoir pu battre Charlie Spinster. « Oh et euh … désolé, je n’y connais rien, mais y’a combien d’écurie à Rhode ? » En effet, Maxyne n’avait jamais pris le temps de s’intéresser aux courses de voiture. Elle en était bien loin, le nez trop fourré dans ses fossiles et ses microscopes.

« Je pense qu’une telle combativité et une telle détermination te mènera un jour ou l’autre vers la victoire, peu importe à quel point Charlie est forte. Il y aura un jour où elle faiblira et tu seras là pour prendre la tête du championnat, j’en suis sûre. » Elle était persuadée qu’un jour ou l’autre, elle la verrait à la une des journaux pour une magnifique prouesse : celle de battre la fameuse Charlie Spinster. Avec un tel esprit de compétition, elle avait aussi le sentiment qu’elle ne tarderait pas à se pointer au Colosseum pour tenter de la vaincre.

« Hum, j’en ai encore aucune idée pour l’instant. J’avoue que je n’y avais pas songé, je me suis plutôt concentrée sur ma quête de fossiles. Tu as l’intention de la faire évoluer en quoi, le tien ? »

Maxyne a une personnalité en or. Elle est douce, gentille, attentionnée. J’aimais déjà énormément son frère, avec qui je partage bien des points communs, et je constate qu’il a vu juste en affirmant que nous ne pouvions que bien nous entendre sa sœur et moi. Un éclair de génie signé Morgan, comme il ne doit pas lui arriver souvent le pauvre. La conversation coule tout à fait naturellement avec elle, même si nous en sommes encore à cette étape toujours un peu maladroite d’apprendre à se connaître. Les relations sociales, du moins les rencontres avec autrui, ne m’ont jamais effrayée, et ça semble être le cas aussi pour la jeune femme puisqu’aucune entrave ne se dresse entre nous, sauf peut-être le froid qui afflige la scientifique. Elle apprendra de ses erreurs, haha, il faut toujours sortir bien protégée ! Alors qu’elle cause Arène, je souris d’autant plus, surtout comme la petite Evoli dans mes bras se met à scander comme une guerrière adorable. On dirait qu’elle aussi est motivée par ce projet.

«Ouaip. J’ai pas le niveau requis pour t’affronter toi, mais j’aimerais bientôt me buter à ma première Arène. Nous travaillons durement pour entraîner toute la petite équipe mais il reste beaucoup de chemin à parcourir. Comme je n’aime pas perdre, je préfère m’assurer que je serai en mesure de gagner, tu comprends ?»

Gagner, à tout prix. Courser ne fait pas exception et on peut bien sentir ma déception envers le résultat des courses de cet été. Il me faudra m’en remettre et me préparer aux suivantes, car m’apitoyer sur mon sort ne résoudra rien.

«Il y a trois écuries à Rhode, représentées par le trio des Bêtes Entei, Raikou et Suicune. Je cours pour Suicune, la meilleure des trois, bien entendu.»

Sur ce sujet, je peux me montrer un peu plus taciturne qu’à l’ordinaire. Non pas que je n’aime pas parler de mon métier de pilote, simplement que celui-ci provoque toujours chez moi une forme de contemplation concentrée, comme si je réfléchissais encore à chaque tournant, chaque accélération, chaque décision prise derrière le volant lors de la dernière course.

«J’espère qu’elle ne faiblira pas. Ce ne sera pas aussi satisfaisant de la battre si elle le fait. C’est à moi d’améliorer ma performance, pas l’inverse.»

Je souris à cette mention, presque provocatrice dans mon expression. Qu’elle vienne, la Charlie. Je l’attends sur la piste, avec la revanche au creux du cœur. Je reporte mon attention sur Maxyne. J’ai assez parlé, c’est à son tour désormais. Sa réponse au sujet de l’Evoli me fait sourire.

«Les fossiles hein ? Tu es aussi paléontologue c’est ça? Ça doit être prenant de faire la quête de fossiles et d’être Championne au Colosseum tout à la fois. Tu as eu du succès jusqu’à présent ? Comment je peux t’aider à en chercher aujourd’hui ? Sinon moi c’est clair, ce sera Voltali.»

La petite Evoli approuve d’un grand signe de tête. Là-dessus nous sommes parfaitement d’accord.

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Maxyne n'en était qu'aux balbutiements d'un lien avec Ella. Elles apprenaient doucement à se connaître, à faire connaissance. Mais il fallait avouer que la jeune femme l'appréciait déjà, sans savoir pourquoi. Peut-être que c'était un simple sentiment naissant, mais tout semblait assez instinctif avec Ella, comme si elles n'avaient pas besoin de formalités pour se comprendre. La discussion allait bon train tandis qu'elles progressaient à travers les montagnes embrumées. Maxyne aurait dû davantage se couvrir, mais tant pis. Ella, quant à elle, avait davantage pensé à la fraîcheur du temps et elle avait en sa compagnie un Evoli duveteux, de quoi lui tenir chaud.
Finalement, elles évoquèrent les arènes. Comme Maxyne en tenait une, elle se demanda si elle aurait un jour à affronter Ella, qui semblait particulièrement redoutable, à en voir la détermination dans son regard.

« Je te comprends carrément, je suis pareille. C'est d'ailleurs cet esprit de compétition qui m'a amenée à devenir championne d'Arène. Je pense en effet qu'avec un peu d'entrainement, tu pourras largement te permettre d'affronter James. Après tu feras, ça coulera tout seul. » lui avoua-t-elle avec un clin d'œil.
Elle écouta ensuite avec attention les explications d'Ella concernant les écuries et le Grand Prix de Rhode, dont elle n'avait aucune connaissance.

« Oh, d'accord ! Donc toi pour Suicune, Charlie pour Raikou … qui court pour Entei ? » demanda-t-elle intriguée. Elle était curieuse de savoir qui affrontait Charlie et Ella. Cette personne aussi était en lice, capable de les battre toutes les deux si elle avait la même détermination que Ella et Charlie. Si Maxyne était très curieuse sur le sujet, elle pensait que la passion d'Ella la rendrait plus bavarde : au contraire, elle avait l'impression qu'elle retenait les informations. Maxyne n'y fit néanmoins pas attention. Elle tenta de la rassurer concernant Charlie et comprit une chose : ce qu'attendait Ella, ce n'était pas l'opportunité de devenir première. C'était tout simplement celle d'être meilleure, pas seulement de gagner pour gagner. Elle sourit à cette évocation sans pour autant ajouter quoi que ce soit.

Ella relança finalement la conversation en lui parlant de son domaine préféré, les fossiles.
« Oui, je n'ai pas de temps pour moi en dehors de ces deux métiers. Mais je dois avouer que je m'y plais. J'adore quand ça bouge tout le temps, je n'aime pas m'arrêter ou me poser. Je finis par m'ennuyer. Et cet éternel besoin d'être stimulée, je le comble comme ça. » Elle sourit à cette mention et poursuivit. « Jusqu'ici … » Elle marqua un temps d'arrêt pour réfléchir. « J'ai fait revenir quelques fossiles, dont un Dinoclier que j'ai donné à un vieil ami et un Aéropti que le Professeur Syrus est en train d'examiner. Je l'aurai bientôt dans mon équipe. J'espère faire revenir un Ptyranidur, la prochaine fois. » Elle scruta les lieux. « Je n'ai pas mon matériel, mais y'a un spot plus haut où tu pourras voir des tas d'ammonites fossilisées dans la roche. Je te montrerai quand on y sera, si ça te dit ? » Une bourrasque la fit frissonner mais elle ne perdit pas son éternel sourire.

Maxyne ne feint pas l’intérêt je crois. Elle me semble être ce genre de personnes dont la curiosité ne connaît que peu de freins, trahissant un esprit vif et créatif qui ne peut que me plaire et me stimuler. Cette forme d’ouverture et d’intérêt pousse notre conversation, la rend fluide et agréable. Elle est différente de Morgan, il n’y a pas de doute là-dessus, mais parler à l’un comme à l’autre s’avère tout aussi aisé. La Championne se montre encourageante tant qu’à mes chances de remporter mon premier Badge. Je ne cherchais pas la réassurance, et je crois que de me rassurer ne fait pas partie de ses objectifs non plus. Non, je pense que je lui ai plutôt démontré ma volonté à réussir, cette même volonté qui me permettra d’empocher ce fameux Badge une fois pour toutes. Je réfléchis à ce que sa position de Championne signifie pour elle-même; effectivement si elle y est parvenue c’est qu’elle a une rage de l’emporter elle aussi et nous ne pourrions être plus semblables de ce côté.

«Je l’espère. Je travaillerai durement pour venir un jour t’affronter alors.» je fais en répondant à son clin d’œil par un éclatant sourire.

J’aime les personnes qui ont la même passion au cœur que moi. L’inaction est mon plus grand adversaire et de loin. Je ne supporte pas qu’on ne bouge pas. À cet effet, Maxyne est bien différente, plus proche de mon propre caractère et cela me plaît énormément.

«Elsa et la petite nouvelle, Willow dite Wind. Hâte à la prochaine course. Je passe un peu moins de temps à mon entraînement en ce moment, mais celui-ci devrait reprendre avec plus d’intensité cet hiver en prévision des courses de l’été. Je n’aime pas beaucoup cette accalmie, mais elle me permet de me concentrer sur autre chose.»

De ce que je comprends, nous sommes deux jeunes femmes bien occupées toutes les deux, ce qui ne m’étonne pas de la Championne. Je me dis souvent que nous n’avons qu’une seule vie à vivre, alors aussi bien la remplir autant que possible. Autant croquer dans tous ses aspects, et étancher sa soif, sa curiosité. Je souris en me reconnaissant parfaitement dans le besoin d’être stimulée de Maxyne. Moi-même je ne tiens pas en place depuis toujours, d’aussi longtemps que je me souvienne. Mon éducation sévère a accentué ces prédispositions naturelles de mon caractère. Je suis désormais complètement insatiable.

«Dinoclier, Aéropti et Ptyranidur, pas mal. J’espère que tu parviendras à trouver ce que tu cherches. C’est dingue qu’ils soient capable de les faire revenir à la vie ainsi, ça doit être un sacré processus. Comment ça fonctionne exactement ?» j’avoue que je n’y avais jamais réfléchi auparavant. «Je veux bien, je suis curieuse de voir ce à quoi cela pourrait rassembler. Mais il fera de plus en plus froid à mesure que nous allons monter, tu es certaine que ça ira ?»

Peut-être pourrais-je lui proposer l’aide de Bilis, au pire. Mon regard se perd vers les sommets. J’ignore où se trouve ce fameux lieu dont Maxyne fait mention, mais je ne peux m’imaginer que ce soit très proche. Si elle a trop froid, nous pourrons toujours nous arrêter quelques minutes après tout.

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Ella est une immense surprise pour Maxyne, en termes de complicité notamment, de fluidité de la discussion aussi. Les sujets du début sont encore timides, parce qu’elles ne se connaissent pas, mais il est évident que petit à petit, les deux jeunes femmes apprendront à se connaître, à se découvrir, jusqu’à trouver de nombreux points communs. D’ailleurs, pour le moment, ce n’est pas ce qui manque. Même si Maxyne est paléontologue et Ella pilote de course, elles possèdent toutes les deux cette même rage au ventre, cet esprit de compétition qui leur donne envie de se battre pour ce qu’elles veulent. C’est ainsi que Maxyne est parvenue au rang de Championne du Colosseum de Rhode et il n’est pas impossible que ce soit de cette même manière qu’elle parviendra à faire revenir de nombreux fossiles à la vie.

Son éclatant sourire faisait rayonner Maxyne qui avait hâte de la voir arriver jusqu’au premier Colosseum. « Je t’y attendrai avec impatience. » lui fit-elle en lui renvoyant son clin d'œil. Ce début de complicité avait de quoi faire vibrer Maxyne, la rendant heureuse à la simple idée de bien s’entendre avec quelqu’un.

Maxyne écoutait attentivement les explications d’Ella, comprenant alors qu’il y avait de nombreuses futures championnes en lice pour les courses de monoplace. La blonde n’avait aucune idée de qui pouvait être Elsa et Willow, mais elle se dit que si elle devait les croiser dans la presse, les journalistes auraient au moins l’obligeance de même le nom à côté de la tête, de quoi permettre à la jeune femme de les reconnaître.

« L’entraînement, ça reste la clé de tout, je pense. Mais des pauses, parfois, pour se recentrer, ça fait du bien. Travailler dur, tout le temps, ça épuise, ça rend nerveux et au final, tu fais un peu n’importe quoi. Après avoir eu le poste de championne du colosseum, j’ai voulu continuer de me battre comme avant puis je me suis rendue compte que j’en faisais trop et que je me mettais trop de pression. Alors j’ai décidé de prendre du recul. Peut-être qu’un jour, quand je reprendrai, on pourra envisager de s’entraîner ensemble pour les badges qu’on ira chercher. » proposa-t-elle.

Maxyne savait que parfois, elle manquait de confiance en ses capacités, bien qu’elle soit très motivée. Ce stress qu’elle ressentait au fond d’elle la faisait reculer plutôt qu’avancer et elle avait préféré se mettre de côté pour un moment, le temps qu’elle parvienne à canaliser ce stress pour le rendre plus productif. Ce n’était désormais qu’une question de temps.

« C’est compliqué … Disons que je fais partie de la première partie du processus qui consiste à chercher les morceaux de fossiles pour les ramener au labo. Là-bas, on a souvent besoin, même si c’est en morceaux, que le fossile soit complet. Après, on va chercher à en extraire de l’ADN et à partir de là, on va faire de nombreuses tentatives pour parvenir à créer un embryon viable. C’est un processus très long, qui nécessite de la patience et qui ne fonctionne pas à tous les coups, malheureusement. Mais on devient de plus en plus performants. » expliqua-t-elle tandis qu’elle avait commencé à marcher vers le spot promis. « Mmh, on verra bien écoute. Pour le moment, la fourrure de Princesse me convient. On va faire avec. Mais la prochaine fois, c’est certain que je prends autre chose sur le dos ! » dit-elle en rigolant. Elle frissonnait déjà.

Je ne suis pas quelqu’un très sujette à la nervosité, cependant je peux reconnaître le bien-fondé des paroles de la blonde, sans toutefois être en mesure d’en appliquer les principes dans ma propre vie. Les pauses m’effraient à vrai dire; j’ai toujours eu le sentiment que de s’arrêter signifiait de lésiner sur quelque chose d’important alors je m’efforce de ne pas le faire. J’ai été éduquée ainsi il faut dire, convaincue par mes parents adoptifs d’offrir mon plein potentiel dans absolument chaque aspect de mon existence et de ne surtout rien négliger. Il est vrai que de prendre une pause peut faire du bien parfois, comme maintenant dira-t-on. Je préfère largement les pauses sociales à toutes les autres. Je n’aime pas être seule avec mes pensées, je deviens alors insatiable. Les paroles de Maxyne m’amènent tout de même à réfléchir : peut-être devrai-je envisager un moment plus tranquille avant mon premier match, histoire d’avoir l’esprit clair et de préparer ma stratégie. J’hoche la tête, y pensant déjà, toujours concentrée dans mes objectifs aussi lointains soient-ils.

«Ça m’irait très bien de m’entraîner avec toi. J’ai encore beaucoup de chemin à parcourir et je prendrai toutes les occasions pour m’améliorer. Puis s’entraîner avec une Championne telle que toi ? Je n’irai certainement pas refuser.»

J’éclate de rire, comme souvent quand je suis heureuse de la manière dont se déroule une conversation. Mon côté rieur a quelque chose de spontané, voire surprenant. On ne s’y attend certainement pas en voyant mes clichés sérieux dans les magazines. Je suis vraiment motivée à la perspective de m’entraîner avec Maxyne désormais, lorsque j’aurai acquis un peu plus d’expérience. J’espère que je me montrerai à la hauteur de ses attentes. J’écoute ensuite ses explications sur la transformation des fossiles. Si j’ai posé la question, c’est surtout par curiosité, mais je ne serai jamais une grande scientifique. J’ai fait mon temps sur les bancs de l’école et à présent ce sont des occupations plus physiques qui m’appellent. Ce qu’elle dit toutefois ne manque pas d’intérêt. Je suis impressionnée que ce processus existe et me demande un instant si ce genre de procédés ne pourrait pas servir à mon organisation un jour. Faire une armée de fossiles, ce serait bien non ? Il faudra attendre pour cela que le procédé soit un peu plus à point, ce qui ne me dérange absolument pas. Je suis patiente pour tout ce qui touche la Team Ombre après tout.

«C’est vraiment incroyable, tu me parleras de tes avancées lorsque tu en feras, ça m’intéresse. Et aussi si tu réussis à changer d’autres Pokémon, pour que je puisse te féliciter. Puis qui sait, peut-être trouveras-tu un fossile viable là-haut ?»

D’ailleurs nous approchons à grands pas. Je me mets aussitôt en mode observation, excitée à l’idée de cette nouvelle aventure. Je crois que nous sommes parvenues à l’endroit indiqué par la jeune femme, et aussitôt je m’agite, tenant à peine en place. Bilis, près de moi, semble être dans le même état; nous formons véritablement une belle paire.

«Montre-nous comment il faut faire, nous serons tes élèves pour aujourd’hui !»

Puis peut-être un jour lui apprendrai-je à piloter une voiture de course en échange ? À suivre, dans tous les cas il me tarde de débuter.

L’après-midi se déroule sans encombre. Maxyne se montre un fabuleux professeur et moi je me fais aussi attentive que possible. Bien que le sujet ne soit pas parmi mes favoris, je dois reconnaître que les fossiles ne sont pas dénués d’intérêt. Néanmoins je préférerai toujours le monde des vivants, le monde actuel. J’aime regarder l’avenir plutôt que de m’intéresser au passé. Faire revivre ces créatures a quelque chose d’un peu incongru à mes yeux… combien il doit être difficile pour eux de s’adapter à une nouvelle ère ! Cependant, la passion de l’archéologue a quelque chose de contagieux et je me prête au jeu sans souci.