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Il y a des jours ou se réveiller est plus difficile que d'autres. Certains moments ou le simple fait d'ouvrir les yeux le matin est une épreuve, sortir de son lit encore plus. Aujourd'hui est un jour sans. Emmitouflée dans sa couette, ses yeux d’émeraude rivés sur le plafond, Ziggy est incapable de trouver la force de se lever. Ce n'est pas faute d'avoir Lancelot qui essaie tout ce qu'il peut pour la faire se lever, même ramener les gamelles vides jusque sur la couette. Mais la jeune femme est incapable d'affronter l'extérieur aujourd'hui. Ce n'est pas la possibilité de croiser Ezekiel dans Suerebe qui la cloue au lit, mais simplement ses pensées obscures qui ne veulent la laisser tranquille en ce doux matin de janvier. Alors, se glissant de nouveau sous la couette, Ziggy se roule en boule avant de fermer les yeux. Peut-être que si elle se rendort, que si le temps passe sans qu'elle n'y prête attention, tout ira mieux ? Que le souvenir de Zadig s'éloignera, plutôt que de flotter devant ses yeux comme aujourd'hui.

Peut-être qu'elle n'aurait pas du regarder les photos, hier. Celles sur son téléphone, celles qu'elle garde dans le tiroir encore entrouvert de sa commode. Ce petit poupon à peine né lové dans ses bras, contre sa poitrine. Elle pourrait presque sentir encore la chaleur de sa joue contre son sein. Peut-être qu'elle ne devrait pas continuer de ressasser ces souvenirs aussi bien douloureux que merveilleux. Essuyant péniblement une larme sur sa joue, Ziggy pousse un profond soupir, jusqu'à ce qu'un bruit sourd contre sa porte se fasse entendre. Comme si quelqu'un venait frapper. Qui pourrait bien venir la déranger dans son taudis, si tôt le matin ? Quoique, il est presque midi. Si elle reste terrée sous la couette, peut-être que la personne derrière la porte s'en ira. Mais c'est sans compter Lancelot, qui après avoir zigzaguer entre les gamelles vides et le bordel jonché sur le sol de l'appartement, se précipite vers la porte en compagnie de Kelliwic'h, grimpant sur la tête casquée du Type:0 pour actionner la poignée de la porte d'entrée. Un glapissement heureux sort de la bouche du Gobou, en découvrant la silhouette d'Ezekiel derrière la porte, avant qu'il ne tapote sur la tête de Kelliwic'h pour qu'il s'éloigne et laisse entrer l'homme, sans que cela ne fasse réagir Ziggy, toujours terrée sous sa couette dans un coin de la pièce bordélique. Disons que le ménage est loin d'être sa priorité, tout comme avaler le moindre repas, comme en témoigne l'absence de réfrigérateur dans sa minuscule cuisine.

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Parfois, il valait mieux garder l'espoir que les choses pourraient s'arranger, au risque de se laisser dépérir. Pas de travail, juste celui d'un pickpocket ambulant qui passe ses journées à voler le monde pour récupérer un peu d'argent de ces trésors, finissant par le dépenser dans quelques verres le soir au bar. Juniper ne quitte jamais son épaule, comme si elle y était fixée. Il n'y a que lorsque la nuit tombe qu'elle s'envole sur son perchoir, apaisant les muscles d'Ezekiel qui la porte chaque jour. Son esprit bourdonnait. Il massa ses tempes du bout des doigts en s'asseyant sur le bord de son lit, cherchant la motivation d'utiliser les muscles de ses jambes pour se mettre sur ses deux pieds.
Parfois, lorsqu'il était allongé dans ce petit lit, il imaginait le visage de Ziggy à ses côtés, il admirait ses joues empourprées de timidité, ce regard réservé qui brillait de mille feux avec des petites étoiles comme un feu d'artifice. Il y avait des moments où son souvenir était si réel qu'il approchait sa main pour caresser ses joues. Mais son visage s'évaporait presque aussitôt, le ramenant à la réalité : elle n'était plus là. Il l'avait perdue le jour où il avait fini par écouter son père. Et même s'il souhaitait renouer avec la jeune femme, il n'était pas sûr qu'elle soit du même avis.

Il devait essayer pourtant.

Leur dernier échange avait été plutôt doux, comme aux prémices d'un amour entre deux adolescents apprenant à se connaître. Juniper vola de son perchoir pour venir lui ébouriffer les cheveux de la tête, sûrement inconfortable à l'idée de voir Ezekiel plongé si profondément dans ses pensées. Il la chassa d'un geste de la main en pestant avant de se lever pour manger et se préparer.
Après tout, il avait encore l'espoir que les choses s'arrangent. Alors il quitta son appartement une heure plus tard, sous le soleil maussade de janvier, filant vers l'appartement duquel il l'avait raccompagnée la dernière fois. Lixy l'avait suivi et son Grenousse aussi, bien qu'il leur avait ordonné de rester à l'appartement. Il poussa un profond soupir avant de s'engager dans les marches qui menaient à celui de Ziggy. Il frappa quelques coups sur la porte. Une agitation se fit entendre et la porte s'ouvrit sur ses pokémons qui lui laissait un peu d'espace pour entrer. Tandis que Lixy se jetait sur Gobou, Ezekiel leva un œil inquiet vers Ziggy qui semblait avoir des cernes sous les yeux et une mine affreuse.
« Hey ... You look terrible. 'R you alright ? » Il fit quelques pas pour entrer et referma la porte derrière lui. Il tendit son bras pour attraper le poignet de Ziggy et parvenir à capter son attention.

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Elle n’a pas le courage de se lever. D’affronter le monde, les souvenirs, de croiser le visage d’Ezekiel dans Suerebe. Elle devrait peut-être quitter la région maintenant qu’elle sait qu’il est ici, fuir, se terrer dans un recoin et attendre que le temps et la vie passent. Mais ce ne serait pas juste, ce ne serait pas rendre hommage à Zadig que de continuer de vivre ainsi dans l’ombre. Un énième tirage de couette de la part de Lancelot finit par la faire se lever, chancelant péniblement. Elle se tient au mur, fermant ensuite le tiroir de sa table de chevet du pied avant de se diriger jusqu’à la petite salle de bain. Une douche chaude lui permettra de se remettre les idées en place, d’effacer probablement ses yeux rougis par les larmes et d’estomper un peu ses cernes. En une dizaine de minutes elle sort de la minuscule cabine, se séchant avant de nouer ses cheveux humides en un haut chignon. Ziggy enfile alors un débardeur et un pantalon de survêtement un peu grand, contrastant alors avec son buste maigre marqué par le tee-shirt près du corps. Mettre sa silhouette en valeur n’est pas spécialement sa priorité, même avec Ezekiel dans les environs.

Attrapant alors sa couette, Ziggy la glisse autour de ses épaules avant de se laisser choir dans son canapé, non sans avoir nourri ses pokémons au préalable. Il ne manquerait plus qu’elle les oublie, déjà qu’ils tentent de l’extirper de son lit depuis une bonne heure maintenant. Mais alors que lentement, elle replonge dans ses pensées et ses souvenirs, des coups se font entendre à la porte. Sans plus attendre, Lancelot et Kelliwic’h se dépêchent d’ouvrir la porte, laissant alors entrer Ezekiel et ses pokémons. Ziggy lève à peine un œil vers eux, bien que Lancelot semble être heureux de revoir Lixy. Kelliwic’h lui, toise un instant Ezekiel avant de le laisser passer, retournant finir sa gamelle et celle de Lancelot au passage. Une voix alors se fait entendre, et Ziggy papillonne des yeux quelques instants avant de lever son regard épuisé vers l’homme qui lui tient délicatement le poignet. “ Oh.. Hey.. When did you arrive ? ” Elle ne se rappelle pas l’avoir vu entrer. Se redressant un peu dans le canapé, elle se frotte les yeux avec sa main libre, avant de prendre une légère inspiration. “ I guess I’m... okay, I’m fine.. And you ? ” Elle se mord la lèvre inférieure et resserre un peu la couette autour de son corps frêle, avant de relever les yeux vers lui, son visage. Il semble quand même beaucoup plus en forme qu’elle, c’est une évidence.

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Avant d’arriver à l’appartement de Ziggy, Ezekiel s’était déjà posé mille et une questions. Elles se ressemblaient, les unes entre les autres, semblables à celles qu’il se posait depuis qu’il avait laissé cette seule note sur l’oreiller, cinq ans plus tôt. Il se sentait chaque jour coupable de la façon dont il avait laissé sa bien aimée, prétendant chaque jour de leur relation être fou amoureux et s’en allant du jour au lendemain sans la moindre explication. À la place de Ziggy, Ezekiel aurait déjà remué ciel et terre, probablement à la recherche de réponse mais aussi d’une forme de vengeance. Il n’aurait pas supporté cet abandon, il serait probablement devenu hors de contrôle. Alors, constatant régulièrement qu’il n’aurait pas tenu cinq ans dans une situation pareille, il essayait de trouver le moyen, à sa manière, de se racheter auprès d’elle, de rattraper le temps perdu. Leur dernière rencontre dans un lieu neutre avait ravivé de nombreux souvenirs et avait été même très éprouvante, l’un comme pour l’autre. Il aurait vendu son âme au diable pour un pardon de Ziggy, pour une attention particulière, pour effacer ses méfaits, pour revenir cinq ans en arrière et ne pas prendre la décision d’écouter son père.

Mais il devait aller de l’avant désormais, regarder vers l’horizon. La décision avait été prise, acceptée, consentie, pendant de longues années. Il avait toujours eu l’espoir de revoir sa bien aimée, mais peut-être dans d’autres circonstances. Il savait qu’il était nécessaire de se racheter, d’aller la voir. Bien qu’il refusait la compagnie de ses pokémons, Ezekiel devait bien admettre qu’il se sentait rassuré par leur présence. Ils lui offraient une certaine confiance qui lui donna la force de frapper contre la porte de l’appartement. L’étonnement se lut instantanément sur son visage lorsque le lieu s’ouvrit sur les pokémons de Ziggy. Lui qui s’attendait à voir la belle blonde dans ses apparats habituels était au contraire invisible. Le grand pokémon de la jeune femme le scruta un long moment avant de se détourner. Juniper quitta son épaule pour se poser sur le comptoir de la cuisine tandis que Lixy et Grenousse profitait de la présence de Gobou pour jouer avec lui.

Après quelques pas, il constata qu’elle était là, assise sur le canapé, emmitouflée dans sa couverture. En s’approchant et bien qu’elle lui assurait le contraire, Ezekiel remarqua ses cernes immenses et ses yeux rougis par les pleurs. Une nouvelle pointe de culpabilité lui contracta le coeur, conscient que l’état de la femme était entièrement sa faute. Elle avait le regard fuyant, perdu, comme si elle était dans une dimension parallèle. Il s’asseya à côté d’elle, doucement, comme s’il faisait face à une personne en état de choc, sans lâcher son poignet. « You know that I’m here for you, alright ? I’m not gonna leave. Never again, I promise. I’m here. I’m stuck with you. And I will chase you all around the world if I need to, just to recover your trust in me. » Ne souhaitant pas la brusquer, il se contenta de planter son regard dans le sien, attendant de voir des signaux lui annonçant qu’il pouvait la prendre dans ses bras.

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Elle se roule en boule sous la couverture, emmitouflée, la tête sortant à peine de cet amas de couverture. Ziggy n’a pas la notion du temps qui passe, seulement qu’elle se sent horriblement mal. Qu’un vide se trouve en elle, là où elle devrait sentir son cœur battre et ses émotions se mélanger. Et là, elle peine à se rendre compte qu’Ezekiel est dans sa maison. Qu’il est là, à lui tenir le poignet, que sa main est presque dans la sienne. Elle sent à peine sa peau contre la sienne, la chaleur de son corps à côté du sien. Ziggy essaie de rassembler ses pensées, elle jette un regard à Gobou qui joue avec les pokémons d’Ezekiel. A Type:0 qui les observe en silence depuis la cuisine. A l’Évoli chromatique qu’elle a capturé l’autre jour, et qui s’avance à petits pas vers les deux humains, encore bien timide. Alors enfin son regard vide se relève vers celui d’Ezekiel, et elle scrute son visage quelques secondes avant qu’une larme ne se remette à rouler le long de sa joue. Puis une seconde. Sans qu’elle ne puisse vraiment s’en empêcher.

Les mots d’Ezekiel résonnent doucement dans son esprit, et elle se laisse tomber contre lui, sa tête dans le creux de l’épaule de l’homme qu’elle a si longtemps espéré revoir. “ I.. I thought you were dead.. Somewhere in the ocean.. Or.. Or perhaps in the desert or.. I even imagine you in love with someone else. I tried.. For months.. To understand why you left.. And I.. One day, I had to let it go. I did. But a lot of things happened, and now I’m just.. It feels like i’m dead inside, Zeke.. ” De nouvelles larmes sur ses joues, alors qu’elle reprend péniblement son souffle, la tête nichée contre l’épaule du blond. “ I did stupid things, just to feel alive, but it never happened.. I don’t know how to.. How to feel alive.. Or how to live.. How to do human stuff.. I’m just here for them, and I wait. I don’t know what, it’s just.. I’m tired.. ” Elle renifle, secouant doucement la tête avant de fermer les yeux contre son épaule.

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Si seulement.
Si seulement …
C’était peut-être les deux mots qui lui revenaient le plus souvent. Un regret pesant sur le creux de son cœur le berçait à chaque instant, le rendant parfois incapable de se concentrer, d’aligner deux mots ou de faire deux pas sans se casser la figure. Ezekiel passait le plus clair de son temps au milieu de ses pensées en se demandant comme il avait pu en arriver là, tiraillé par sa culpabilité, rejetant continuellement la faute sur cet homme, son père, qui l’avait poussé à couper les ponts avec Ziggy pour se mettre avec cette fille “ parce qu’il lui devait bien ”. Le jeune homme savait aujourd’hui qu’il avait fait le pire choix de sa vie. Non seulement il avait brisé quelque chose à l’époque, mais il se rendait compte aujourd’hui qu’il s’était tué à petit feu tout en emportant Ziggy dans sa chute, sans même qu’il ne soit présent pour la rattraper.

Sa détresse, il la ressentait jusqu’au creux de ses entrailles, dans chacun de ses mots tremblants, dans son regard vide, autrefois plus étincelant que les étoiles dans les cieux, plus vivant que n’importe quel être, vif comme l’air. Il ne lisait que tristesse, vide, abandon de la vie, des pupilles ternes dans lesquelles ne passaient plus l’once d’un moment de bonheur. Il était persuadé que les petits joies du quotidien ne devaient même plus la faire réagir, vu dans l’état dans lequel elle était ce soir.
Et il savait.
Il savait que c’était sa faute.
Qu’il avait tout engendré.
Parce qu’il n’avait pas su dire non.
S’excuser maintes et maintes fois, c’est qu’il aurait pu continuer à faire, mais ses mots n’avaient aucune importance. Ils ne parviendraient jamais à réparer ce cœur blessé par l’absence d’un homme qu’elle aimait du plus profond de son âme. Sa tête au creux de son épaule, il caresse machinalement ses cheveux, comme toutes les fois où quelque chose n’allait pas. Avant. Avant tout était beau, avant, il n’avait encore rien gâché. Il retenait ses larmes de couler, levant les yeux vers le plafond en se pinçant les lèvres. « You know if I could, I would have told you I was alive. But I couldn’t. » Il n’aurait pas pu lui faire signe, pas parce que son père lui en avait formellement interdit et l’avait menacé — pour Ziggy, il aurait dérogé à toutes les règles, il aurait décroché la lune — mais parce qu’il avait été trop lâche. Parce qu’il avait eu peur. Parce qu’au fond, lui avouer que son père le faire chanter pour qu’il soit en couple avec une autre femme, cette sensation d’avoir honteusement trahi, bafoué la conscience de Ziggy, ça lui faisait si mal qu’il avait préféré ramper aux pieds de son père pendant presque cinq ans plutôt que de se relever et d’affronter le regard dégoûté de Ziggy.

« You know, if it can help you … I wasn’t so far. From where I was, I always tried to get news about you. I always tried to be sure you were okay. Not the heart but the rest of it, at least. I saw you once, in the beginning. And I wrote about you. »

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Sans qu’elle ne puisse s’en empêcher ou les retenir, les larmes roulaient sur ses joues sans s’arrêter, les unes après les autres. Elle était là, dans les bras de l’homme qu’elle s’apprêtait à épouser autrefois, le corps secoué de sanglots d’une détresse qu’elle ne sait pas gérer. Elle sent sa main dans ses cheveux, elle entend les mots qu’il lui prononce sans complètement les comprendre, comme si elle n’était pas totalement là. Comme si une part d’elle était restée avec Zadig, dans ce monde parallèle où Zeke ne serait jamais parti, et où ils auraient pu former une famille. Mais elle s’est retrouvée là, seule, sans les deux êtres qu’elle aimait le plus au monde. Et même si Zeke est revenu, aujourd’hui tout est différent. Parce que Zadig n’est plus là. Qu’il ne connaîtra jamais son père, et que ce dernier ne connaîtra jamais son fils. Son ventre se tord de plus belle à cette pensée, et Ziggy renifle, secouant la tête en l’entendant. “ But I.. I never found you. I’ve searched everywhere, and you were nowhere to be found.. W-What did you write ? ”

Elle ne comprend pas. Son corps maigre se redresse quelque peu, sa main s’extirpe de l’épaisse couche de couverture pour attraper celle d’Ezekiel, tandis que de l’autre, elle essuie péniblement les larmes qui continuent de couler sur ses joues. “ I.. I.. Well, I’m sure you did the best you could to get news.. But I know for a fact that you didn’t continue for long after you left. Because.. Because if you had.. If you had seen me, how I was, you would have come back. But you didn’t. So I know that, for a moment, you got over it. A-And.. And it’s okay. I’m not mad that you weren’t there. I was, at the time, but now I’m just.. Really, really sad about it. And now I don’t know how to stop, how to not live in the past. ” Elle grimace légèrement, essuie de nouveau les larmes qui ont roulé sur sa joue avant d’inspirer, posant ses deux mains dans celle d’Ezekiel. Elle ne peut pas le lui cacher indéfiniment, même si elle essaie. Parce que son fantôme est là, partout avec elle. Dans elle. Et elle ne sait pas comment faire ce deuil qu’elle n’a jamais fait. Mais maintenant, Ezekiel est là. Il est de retour. Et même si elle craint de le voir disparaître de nouveau, elle se doit d’essayer, pour Zadig.

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Parce qu’il ne connaît pas les tortures qu’elle a pu subir en son absence, Zeke n’est qu’un être humain qui tente de réconforter Ziggy. Il n’est qu’un étranger qui essaye tant bien que mal de sécher ses larmes. Son absence l’a plongé dans l’oubli, les épreuves l’ont anéanti, l’ont effacé. Aujourd’hui, il n’est plus que l’ombre de lui-même et il n’a presque plus aucun impact sur la vie de Ziggy, si ce n’est lui raviver de terribles souvenirs.
S’il s’imaginait. S’il savait.
Mais il ne sait rien.
Il avait besoin de lui faire comprendre que malgré tout, il avait pris des nouvelles d’elle, comme il a pu, avec ce qu’il avait et ce qu’on lui permettait de faire. Qu’il avait essayé de revenir au début, son amour hurlant dans sa poitrine de lui dire qu’il était en vie, qu’il allait bien, qu’il reviendrait. Mais rien. Il n’avait rien pu faire, rien pu laisser transparaître. Simplement se taire et la laisser avant au milieu de spéculations. Main dans la main, il essaye de contenir la douleur qui le ronge. Il se montre fort pour elle. Il cesse de tomber à genoux par terre comme la première fois, cesse de faire tomber les larmes malgré le chagrin communicatif de Ziggy. Et désormais, il doit tenter de lui faire comprendre, même s’il ne peut pas tout lui dire.

« It was the beginning. I … tried. I saw you once. Only one time. And I … » Il prit une profonde inspiration, passant la main sur son visage. « The only thing I had in my head when I saw you is : I can do that. I had to talk to you, to tell you I’m okay, to see how you felt about this, to hold you, to kiss you but … » Il s’arrêta quelques instants. « I started running to you. And I’ve been stopped. I’ve been told if I try again to reach you, you would but hurt so I … I did nothing. And I never saw you again after that. » Il soupira en passant sa main dans ses cheveux, avant de reprendre ses mains pour les embrasser. « After, I wrote what I had in my heart. I have a box full of letters. Letters that I never could give you. » S’il avait pu lui envoyer à cette époque-là, il aurait pu la rassurer dès le premier instant. Malheureusement, il n’avait jamais pu les lui envoyer. « Stop crying, please. » Il approcha son visage d’elle, leur souffle s’entremêlant. Il lâcha ses mains pour venir les déposer de part et d’autre de son visage. « I love you, Ziggy. I have loved you since the day I met you. And I never stopped. » S’il en avait envie, Zeke se retint, par peur qu’elle le repousse. « Can I kiss you ? »

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Petit à petit, à l’écoute de la voix d’Ezekiel, Ziggy se calme un peu. Les larmes continuent de mouiller ses yeux, de ruisseler sur son visage mais pour autant, ses sanglots diminuent. Elle essaie de comprendre ce qu’il lui dit, de situer dans le temps par rapport à ce qu’elle a vécu de son côté. Les morceaux sont difficiles à assembler, mais pour autant, les paroles d’Ezekiel sont d’un moindre réconfort. Alors, elle laisse tomber sa tête dans les mains du blond, finissant par péniblement lever les yeux vers lui. “ Do you still have them.. ? The letters ? ” Elle ne sait pas trop encore si elle aimerait les lire. Peut-être que ça pourrait l’apaiser, dans un sens. Ses pupilles d’émeraude finissent par chercher celle d’Ezekiel, lorsqu’il lui demande si il peut l’embrasser. Elle hésite, quelques secondes avant de refermer les yeux, posant ses lèvres contre celles de celui qu’elle devait épouser, il y a bien des années. La sensation de ses lèvres sur les siennes, de douloureux souvenirs qui remontent de nouveau.

Alors, elle recule, retenant un nouveau sanglot avant de tourner la tête, reniflant légèrement. “ P-Pardon.. Je.. Je peux pas le garder pour moi je.. Ce serait égoïste et je… Je ne suis pas comme ça.. Et je peux pas.. Je peux pas recommencer quelque chose avec toi sans être honnête.. ” Elle reprend son souffle doucement, levant les yeux vers le mur à côté d’eux, puis les baissant de nouveau pour les essuyer d’un revers de la main. “ O-On.. Quand tu es parti.. Je.. J’ai découvert un peu après que je.. Qu’on.. ” Elle grimace légèrement, retenant la foule de souvenirs qu’elle essaie depuis tant d’années de faire taire tout au fond d’elle. “ Qu-qu’on allait avoir un.. je.. j’étais enceinte.. ” Pourtant, le plus dur est loin d’être dit. Mais c’est comme un léger poid qui s’échappe de sa poitrine, alors qu’elle n’ose pas le regarder, de nouvelles larmes roulant sur ses joues, silencieusement.

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À la voir comme ça, Ezekiel n’avait qu’une envie : faire en sorte qu’elle arrête de pleurer, la calmer, tout faire pour que tout redevienne comme avant. Il ne pouvait plus supporter de voir les larmes sur le visage de la femme qu’il aimait plus que tout au moins, surtout en sachant qu’il en était la cause. Il avait la sensation d’être si loin d’elle et pourtant si proche, son corps s’effondrait un peu plus à chaque larme qui coulait. L’impuissance actuelle lui torturait les entrailles. Il n’avait que les mots pour tenter de la convaincre qu’il n’y avait qu’elle dans sa tête, qu’il n’était pas parti du jour au lendemain pour lui faire du mal mais parce qu’il n’avait pas eu le choix. En revanche, il ne savait pas si lui faire lire ce qu’il avait écrit était une bonne idée. Il avait exprimé beaucoup de choses sur ces textes, des souffrances, de l’amour. Et sur la fin, constatant qu’elle ne les lirait peut-être jamais, une part de haine envers son père s’était déversée. Il avait rejeté la faute sur lui, mais aussi sur Ziggy. Il avait peur désormais de la heurter avec certains de ses mots, d’arriver à un point de non retour dans leur relation si elle lisait l’intégralité des lettres écrites. « Not all of them. But I can make you read some of them. I keep them in my apartement. One day, I’ll give you them. » Les yeux bleus dans les yeux émeraudes, ils se regardaient avec un désir nouveau et Ezekiel espéra qu’elle accepte de l’embrasser. Il le désirait plus que tout depuis qu’il l’avait près d’elle, mais il avait peur de la brusquer.

Finalement, elle posa ses lèvres contre les siennes après une seconde d’hésitation, laissant une onde de soulagement s’emparer de son être. Elle recula soudainement, sans qu’il ne comprenne ce qu’il avait fait de mal. Il l’écouta attentivement, plissant d’abord les yeux. Puis, petit à petit, à mesure que la nouvelle pénétrait son cerveau, ses yeux s’écarquillaient de surprise et un sourire se dessina doucement sur son visage. « Mais c’est gén … » Elle ne semblait pourtant pas heureuse. Et il n’avait pas vu l’ombre d’un enfant dans les parages. L’avait-elle donné, l’avait-elle perdu ou avait-elle décidé de ne pas le garder ? Tant de questions se bousculaient désormais dans sa tête, tandis qu’il perdait son sourire. « What happened, Ziggy ? » Il se leva, pour se préparer à encaisser la nouvelle, s’attendant au pire - sans savoir ce qu’était le pire.

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Si les larmes continuent de rouler sur ses joues, peut-être dans un débit moins important, Ziggy calme ses sanglots et sa peine alors qu'elle se concentre sur les paroles d'Ezekiel. Elle n'est pas très à l'aise, à l'idée de lire ces lettres. Peut-être qu'il y a des choses qu'elle ne veut pas savoir, dedans. Elle hoche faiblement la tête à sa proposition, se mordant la lèvre inférieure avant de chercher la main du blond, de la serrer doucement dans la sienne. " I'm.. I'm not sure that I want to read them, perhaps one day.. Yeah, perhaps. If you need, want me to. " Elle souffle doucement, passant ses doigts fins sur la peau d'Ezekiel, prenant son courage pour venir l'embrasser lorsqu'il le lui demande. Mais c'est aussitôt une foule de sentiments contraire qui l'assaillent, et elle recule doucement du visage du blond, cette sensation d'avoir le cœur déchiré en deux. Les larmes se mettent de nouveau à ruisseler sur son visage alors qu'elle évite le regard d'Ezekiel, cherchant ses mots. Parce ce qu'elle doit lui annoncer, c'est une épreuve qui semble impossible.

Lentement, Ziggy ramène ses jambes contre sa poitrine, roulée en boule contre Ezekiel. Elle l'entend se réjouir, regarde tristement ce sourire sur son visage s'effacer, quand il commence visiblement à se questionner. Parce qu'un enfant, il n'y en a pas l'ombre dans ce minuscule appartement désordonné. Un profond soupir franchit les lèvres de Ziggy quand le blond se lève, et la jeune femme essuie inutilement ses joues, les larmes ne cessant de couler quand bien même elle fait son possible pour contenir ses sanglots. " He.. His name was Zadig.. He looked so much like you, it was sometimes painful to look at him. But I.. I was happy, so much, for the first time after you disapear. I wasn't alone anymore, and even if you left, you'd leave with me this wonderful present.. " Lentement, ses mains se rejoignent autour de ses jambes, les pressant contre son torse, serrant ses jointures sur ses tibias. La jeune femme finit par lever ses yeux embrués de larmes vers le visage d'Ezekiel, cherchant à accrocher son regard, la lèvre légèrement tremblante. " But he.. His heart stopped, when he was four months old. In my arms, when he was sleeping. T-They said that it happened sometimes, that there was no explanations I could have, he wasn't just meant to live. I.. I scattered his ashes close to our house, in Eternara.. And I burried the urn next to it. It's.. It's still there, if you want to visit it.. I loved him so much, Zeke I don't.. I think I stopped living after all of this, I was only holding on for Lancelot.. And now.. Now you're here.. "

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Il lui semblait ne pas avoir trop manqué de choses pendant son absence. Il pensait sans cesse à son amour perdu en rédigeant des lettres, s’adressant directement à Ziggy pour lui dire à quel point il était désolé.
Désolé d’être partit.
Désolé de l’avoir abandonné.
Désolé d’avoir été un sale con.
Désolé d’avoir écouté son père.

En bref, il était désolé de tout. Il s’excusait de tout, sans jamais rien faire pour arranger la situation et c’est bien ce qu’elle pourrait lui reprocher pendant très longtemps. Il savait qu’il essayait de recoller les morceaux d’un manière bancale, notamment car ils auraient du mal à repartir sur de mauvaises bases s’il ne faisait pas d’efforts pour lui expliquer tout ce qu’il s’était passé. Mais il se sentait si coupable de son comportement et il avait si peur de la perdre à nouveau alors qu’il venait tout juste de la retrouver qu’il n’osa pas lui avouer la véritable raison de son départ. Il lui parla simplement de ces fameuses lettres, sans qu’elle ne désire les lire tout de suite.
Il ne savait pas si c’était une bonne idée qu’elle les lise maintenant ou plus tard, ni même qu’elle les lise tout court. Elle allait pénétrer d’un seul coup dans son intimité, dans une vie qu’ils avaient sûrement envie d’oublier tous les deux. Les lettres étaient aujourd’hui la seule part de vérité écrite qui, si elles étaient rendues publiques, pourraient bouleverser sa carrière ainsi que la réputation de son père dans le domaine de l’automobile. Il pourrait compromettre par la même occasion tout son héritage (bien qu’il n’y portait pas beaucoup d’importance) et se mettre toute sa famille à dos. Ezekiel ne s’était jamais vraiment bien entendu avec elle, malgré tout, il tenait à son frère et cela lui ferait mal au cœur de ne plus du tout lui parler.  

Ainsi, lorsque Ziggy l’informa qu’elle n’était pas prête à les lire, Zeke accepta sa demande et passa à autre chose. À l’heure actuelle, si proche d’elle, de ses lèvres douces, lisses, entrouvertes et de ce magnifique visage de porcelaine dont les larmes ruisselaient depuis le coin des yeux jusqu’au bord de sa mâchoire légère, le jeune homme se souvint pourquoi il l’aimait et à quel point il avait envie de l’embrasser.
Jusqu’à ce qu’elle éclate en sanglots.
Les mots débitent, défilent, un flot de paroles, d’informations. Ezekiel tente de les encaisser mais elles entrent dans sa tête au compte goutte. Sa femme, sa belle femme, celle qu’il aimait tant … était tombée enceinte. Pendant son absence. Était-il donc père, qu’avait-il loupé ? Les premiers gazouillis ? La première dent ? Le premier rire ? Le premier « maman » ? Les premières fois où il a commencé à ramper, marcher, jouer … tout ? Mais ce regard. Ce regard qu’il connaissait si bien sur le visage de Ziggy, celui de la tristesse infinie, d’un mal ancré en elle, un poids dont elle ne saurait se défaire, une douleur dans les yeux qu’il ne saurait expliquer. Il envisageait l’inimaginable jusqu’à ce qu’elle ne lui révèle, qu’elle pose des mots sur cette vérité qui se tissait dans son esprit.

Il la regarde déplier ses jambes puis se lever. Elle lui semble alors si loin. Avant même qu’elle ne parle, il ressent la volonté de se lever à son tour, de la prendre dans ses bras, mais il n’en fait rien, attendant la sentence de son absence. Il l’écoute avec une avidité, souriant quand elle évoque le moment où elle se sentait moins seule, l’imaginant avec le petit Zadig dans les bras, le berçant le soir. Il observait Ziggy tenter de contenir ses larmes et son chagrin avec impuissance, continuant de tendre l’oreille. Il ne put que la prendre dans ses bras, sans un mot, retenant à son tour ses larmes qu’il finit par laisser couler en enroulant Ziggy. Il resta longtemps ainsi, regardant dans le vide comme s’il était en état de choc jusqu’à se dégager au bout d’un long moment. Il ne sut quoi dire au début, tandis qu’ils se regardaient dans le blanc des yeux. Il détourna le regard, le posa vers le sol, remarquant qu’il n’y avait aucun signe d’enfant dans cet univers.
D’une part, il était soulagé de n’avoir « rien loupé ». D’un autre côté, il sentait le poids puissant de la culpabilité accompagné d’une tristesse pesante qu’il ne savait pas comment évacuer. « How could I … ? » souffla-t-il de manière presque inaudible. « How could I … ? » répéta-t-il encore. « How could I … ? How could I … ? How could I … ? » Il passa une main dans ses cheveux en se détachant légèrement de Ziggy puis reprit place sur le canapé, les coudes sur les genoux, la tête soutenue par ses paumes, le regard dans le vide. « I’ve missed so many things … I left you alone with that loss to carried. I … » Il se leva et la reprit dans ses bras en la serrant légèrement. « I’m sorry. I’m sorry you had to get through this alone. »

Il ne se rendait pas encore compte qu’il venait d’apprendre qu’il avait été père.
Et qu’il avait perdu son fils.
Sans même avoir l’occasion de le rencontrer.

« What can I do ? » Il se sentait au pied du mur, dans le silence pesant de la pièce, malgré les pokémons présents. Tous étaient devenus silencieux depuis que Ziggy s’était mise à pleurer, comme s’ils partageaient et respectaient sa peine. « Do you want something ? Water ? Tea ? Food ? Do you want to stay here, go out ? Do you want me to go ? »

days pass by and my eyes stay dry,
and I think that I'm okay

Alors qu'elle marchait, qu'il y avait toute cette peine à expier, Ziggy se sentait d'un côté soulagée qu'il ne vienne pas tout de suite la prendre dans ses bras. C'était plus facile ainsi d'aller au bout de son explication, de lui raconter ce qui était arrivé et que jamais il ne connaîtrait la joie qu'elle avait ressenti en étant mère, qu'il ne croiserait jamais les beaux yeux bleus de Zadig. Et Ziggy en était dévastée, parce qu'une partie d'elle avait disparu ce jour là, avec l'enfant. Alors enfin, y a les bras d'Ezekiel qui viennent l'entourer, et quand elle sanglotte contre lui, elle sent les larmes du blond qui coulent le long des siennes. Et le silence qui suit, long et pesant, est d'une manière rassurant, parce qu'elle n'a plus besoin de parler, et qu'elle peut juste se concentrer sur les bras qui l'entourent et qui lui ont manqué pendant tant d'années. Peut-être que si il avait traversé ça avec elle, Ziggy s'en serait sorti, au lieu d'être coincée comme elle l'est aujourd'hui. Mais Ezekiel reprend finalement la parole, et Ziggy sent son cœur qui se serre quand le blond s'éloigne pour se poser à nouveau sur le canapé. Et elle reste là, debout, les bras ballants, à jouer avec ce pull bien trop grand pour elle entre ses doigts.

Mais finalement, le blond revient la reprendre contre lui, et Ziggy niche sa tête dans le cou offert, à frotter un peu sa joue pour évacuer les larmes qui s'y trouvent encore. Il s'excuse, et pourtant, ce n'est en soit pas de sa faute. Il n'était simplement pas là. Alors elle hoche juste la tête, à ne pas savoir quoi répondre, à se murer dans le silence pendant qu'elle l'écoute parler. Et elle sait qu'il aura besoin de temps pour réaliser tout ça, mais elle ne se voyait pas continuer sans être capable de lui dire tout ça. Elle jette un regard à ses pokémons, avant de reporter son attention sur le blond face à elle, haussant un peu les épaules avant de souffler. " I don't.. I don't know, Zeke.. I just.. I've never imagined that you'll be back one day and I.. I don't have any plan, any desire for anything.. But no, I don't want you to leave, please.. " Plus jamais, parce que ce serait trop difficile après lui avoir dit tout ça, de le voir partir. " I think I.. We could.. Just lay down.. I have.. I have pictures, if you want to see them.. Like an album, but I don't.. I don't want to go out, not today, I don't have the strength for it.. " Mais elle n'a rien a manger ici non plus, si jamais le blond voudrait prendre un repas à un moment.

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and I think that I'm okay

Il n’est pas dupe, Zeke. Il craint. Il craint très fortement qu’après toutes ces années, toutes ces épreuves individuelles, solitaires, soient venues entacher leur relation. Ils étaient beaux autrefois. Ils avaient le bonheur dans les yeux, l’avenir au bout des doigts, il ne restait plus qu’à le construire. Jusqu’à ce que tout bascule. Si Zeke ne réalisait pas encore ce qu’il avait loupé en étant loin de Ziggy, s’il ne réalisait pas qu’il avait loupé une chance d’être père, qu’il avait perdu un fils, il savait néanmoins qu’il avait merdé. Parce que si Ziggy réalisait pleinement la raison de son absence et le comportement qu’il avait eu pendant toutes ces années, il était persuadé qu’elle ne lui pardonnerait pas. Malgré la culpabilité qui lui pesait sur le cœur, il ne se voyait pas lui avouer tout ce qu’il s’était passé. Déjà parce que, égoïstement, ils venaient de se retrouver et qu’il n’avait pas envie de la perdre. Mais aussi parce qu’il ne voulait pas lui infliger une nouvelle peine après tout ce qu’elle avait vécu en son absence. Il savait qu’elle serait complètement dévastée si elle apprenait tout.
Pourtant, tôt ou tard, il faudrait lui en parler. Mais pas tout de suite, pas maintenant.
Pour l’instant, il préférait accéder à sa requête, profiter des bras l’un de l’autre, se blottir dans le canapé, respirer leurs odeurs et laisser le calme environnant les apaiser. « Okay, okay, let’s lay down. Come with me. » Il s’écarta d’elle pour attraper le plaid sur le canapé et il s’allongea doucement. Il tendit sa main vers elle pour qu’elle vienne se blottir contre lui et il déposa le plaid sur eux pour leur tenir chaud. Tandis qu’ils étaient posés tous les deux, Ezekiel passa une main dans les cheveux blonds de la demoiselle, caressant ses cheveux et sa joue, la tête posée contre un oreiller. Il se sentait si bien actuellement, laissant la culpabilité dans un coin de sa tête. Il ferma un instant les yeux, les émotions puissantes sorties ces derniers instants l’ayant épuisé. Il se sentit partir, les mains dans les cheveux de Ziggy.
Il fut certain qu’il sentit quelque chose bouger avant que tout devienne noir.

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and I think that I'm okay

Pour la première fois depuis le départ de Zadig, Ziggy a l'impression de ne pas être totalement seule. Elle sait très bien qu'ils ont encore des tas de choses à se dire, qu'Ezekiel ne lui a pas communiqué les raisons de son départ et qu'il y a cette confiance ébréchée entre eux-deux, mais pour aujourd'hui, Ziggy se sent juste rassurée dans les bras du blond. Parce que maintenant qu'ils sont couchés tous les deux, elle peut nicher sa tête dans son cou, calmer les sanglots et les larmes qui l'ont longuement secouée, et se sentir apaisée de ne plus être la seule à porter le souvenir de Zadig. Ezekiel le fera aussi, et ça la rassure quelque part. Parce qu'elle a besoin qu'on se souvienne de lui, pour se rappeler que ce n'était pas un mirage quelconque, mais juste son petit garçon qui n'est plus là.

Son bras qui entoure la taille d'Ezekiel alors qu'elle se niche tout contre lui, qu'elle sent l'apaisement d'un plaid posé sur leurs corps, et y a ce sentiment de sécurité qui commence à flotter contre elle. Parce qu'elle est entourée par le dossier du canapé et le corps du blond, que leurs pokémons sont pas très loin d'eux, alors Ziggy sait qu'elle peut pour une fois essayer d'avoir un sommeil correct. Y a cette main qui caresse ses cheveux, et ça l'endort doucement Ziggy, alors quand la respiration d'Ezekiel se calme et devient plus profonde, que Ziggy sait qu'il s'endort aussi, elle se laisse aller dans les bras du blond. Y a juste, à un moment, sa main qui se tend pour attraper l'album photo, le poser sur la petite table à côté d'eux. Pour qu'il puisse regarder à son réveil, si il en a envie. Et la blonde vient reposer sa tête contre la poitrine d'Ezekiel, pour à son tour, fermer les yeux et sombrer. Dans un sommeil sans rêves, mais bien plus agréable que tout ceux qu'elle a eut jusqu'à présent.