i hide in corners, hope that no one sees me

Il y a des moments où la vie nous réserve des surprises. Comme celle de recroiser Ezekiel, en se promenant à la Lande Broussailleuse. Cet homme qu'elle a passé des mois à chercher après sa disparition, jusqu'à l'arrivée de Zadig et tout ce qui a suivi ensuite. Et voilà que presque six ans après, elle le croise d'un pur hasard, sans même que ses pensées ne s'oriente vers lui. Alors qu'elle venait tout juste de capturer un Évoli qu'elle pense chromatique. Et on ne peut pas dire que les retrouvailles se soient passées de la meilleure des manières. L'ambiance était étrange, tendue et douce à la fois. Toujours autant emplie de mystères. Si il y a une chose dont Ziggy est certaine, c'est qu'ils ont probablement vécu des épreuves tous les deux, chacun de leur côté. Mais avec tant que questions restées sans réponses, la jeune femme ne sait pas vraiment comment seront les choses lorsqu'ils se reverront. Enfin, aujourd'hui, elle doit penser à autre chose.

Ce matin, elle est parvenue à se lever sans trop de difficulté, et à nourrir ses Pokémons. Après une douche rapide, Ziggy noue rapidement ses longs cheveux en un chignon maladroit, puis enfile un pantalon de survêtement noir ainsi qu'un débardeur qu'elle coince dans la ceinture de ce dernier. Pendant un instant, son regard s'attarde sur le bordel qui jonche le sol de son petit appartement, mais l'envie de faire du rangement n'est pas présente. Alors, elle se contente d'attraper son large pull gris clair et de l'enfiler par dessus ses vêtements, afin de cacher sa silhouette creusée. Il est temps de rejoindre le circuit de l'écurie Suicune, là où elle doit retrouver Ella aujourd'hui. Heureusement qu'elle n'est pas en retard. La route se fait plutôt bien, et Ziggy attrape alors son téléphone pour envoyer un message à la jeune pilote, lui signalant qu'elle est arrivée, jetant de temps en temps un regard autour d'elle afin d'essayer de remarquer la silhouette de son amie, du moins, si elle peut l'appeler ainsi.

Ziggy.
Mon projet, si je peux le dire ainsi. Après la folie des Fêtes (parce que comme dit le Grinch, «courage mec, c’est Noël»), les décorations, le sapin, les comptines de Noël et les soirées à n’en plus finir… La revoir apportera un souffle de sincérité dont je me languis déjà. Dans mon monde d’artifices j’ai toujours trouvé cette période de l’année aussi fausse que puisse être. Les présents, les apparences, on veut faire plaisir mais tout ça c’est qu’un spectacle destiné à établir sa dominance. Même ma nature extravertie s’est trouvée malmenée ces derniers temps et un peu de calme s’impose avant de me lancer dans une nouvelle saison de courses. J’ai pensé que la jeune femme au regard triste pourrait bien m’accompagner aujourd’hui. Puis ne lui avais-je pas promis un petit tour dans mon monde déjanté ? Je me doute bien que ce ne sera pas pour elle; j’apprécie toutefois qu’elle se déplace et apprécie de se prêter au jeu. Le voyant arriver je fronce déjà les sourcils, tentée encore une fois de la revêtir autrement à la manière d’une poupée. Je l’ai toujours trouvée trop jolie pour la manière négligée dont elle s’habille, mais j’ai appris à l’accepter. Le jour où elle aura de se refaire la scène de Pretty Woman avec ma carte de crédit, je serai là pour la gâter de tout ce qui pourra lui faire plaisir. Un jour. Quand elle aura chassé ses nuages noirs.

Son texto m’a fait plaisir, mais jamais autant que de la revoir en chair et en os. Ainsi je trottine jusqu’à elle, scandant son nom qui, sous le stade, se répercute en une myriade d’échos. J’arrive jusqu’à elle pour la prendre dans mes bras avec une grande familiarité, probablement trop pour la nature actuelle de notre relation. Néanmoins je suis sincèrement ravie de la retrouver. Je me détache d’elle pour chasser une mèche de ses cheveux de son visage dans un geste presque affectueux. À ma suite, Ilaw se tient fièrement. L’Evoli a évolué en Voltali il y a quelques semaines déjà et ne pourrait être plus fière de la transformation. Le Pokémon électrique va se frotter contre les jambes de la brunette avant de revenir à mes côtés, tenant à peine en place. Nous formons le beau duo de puces surexcitées.

«Bienvenue dans mon repère, c’est joli hein ? L’écurie Suicune est la meilleure à Rhode et je vais te prouver pourquoi.»

La passion anime mon regard et soudain je ne suis plus la mannequin assurée mais bien la gamine rêveuse et un peu sauvage, celle que le temps n’a jamais su dompter. Je la fais entrer grâce à ma passe VIP et tous bien sûr nous traitent aux petits oignons jusqu’à notre arrivée dans ma loge.

«J’ai pensé commencer par ma loge, histoire de papoter avec toi. Ça fait un moment que je ne t’ai pas vu. Il y a du neuf ? Ne me fais pas un haussement d’épaules comme d’habitude, je veux savoir même si c’est déprimant d’accord ?»

Je lui sers en même temps un petit verre de limonade fraîchement pressé par mon assistant dont j’abuse largement de la bonté. J’en bois une gorgée en prenant place dans un des fauteuils confortables. La loge est spacieuse et confortable, meublée de manière moderne. Aux murs, de grandes photographies me représentent avec bien sûr ma voiture et l’insigne de mon écurie.