take off your wet shirt

@charlie spinster & @bianca chamberlain

Aujourd’hui, la journée était plutôt calme au poste de police. Malgré la GPR1 en cours dans la région de Rhode, James avait la chance de ne pas avoir de trop grosses affaires en cours. Il n’avait aucun meurtre sur lequel enquêter - ce qui était rare pour une région comme Rhode. Les incidents, les rixes, les guerres de petits gangs, les règlements de compte, il y en avait, en principe, pratiquement tous les jours. Certes, les meurtres n’étaient pas aussi fréquents que ces incidents, mais il arrivait toujours qu’il y ait une balle perdue ou une vengeance un peu trop violente.
De plus, James, aujourd’hui, avait une journée plutôt courte puisqu’il devait quitter son poste dans l’après-midi après être arrivé très tôt dans la matinée. La chaleur avait gagné les lieux et les hommes dans les cellules se plaignaient que la climatisation soit en panne, mais James n’y pouvait strictement rien. Les techniciens mettaient pas mal de temps à intervenir et chacun devait se démerder avec les moyens du bord : des bouteilles d’eau, des glaçons, boissons froides, ventilateur qui brassaient de l’air, un journal pour tenter de s’envoyer du vent, bref, tout ce qu’ils avaient sous la main.

Finalement, James quitta les lieux vers 14h30 avant que la chaleur ne devienne trop étouffante. Même s’il avait envie de rentrer chez lui pour boire un coup ou se rendre au bar, il se contenta d’un fond de whisky avant de se rendre directement à la GPR1 pour accueillir Charlie qui devait avoir couru ce matin. Le supporter était un peu déçu de ne pas avoir pu le regarder conduire, mais il savait qu’il y aurait d’autres occasions.
Il grimpa dans sa voiture brûlante et fila jusqu’à l’écurie Raikou sans attendre. Moins d’une demi-heure plus tard, il claquait la porte de sa voiture juste devant les lieux. Il pénétra dans les écuries à la recherche de Charlie mais ne la trouva nulle part. Au lieu de quoi, il croisa Bianca qu’il interpella. « Dis-moi, est-ce que tu as vu Charlie ? » Mais avant même qu’il n’ait eu sa réponse, il reçut un jet d’eau dans le dos. Il se retourna vivement et découvrit Charlie avec un pistolet à eau. Presque aussitôt, son esprit joueur se réveilla sans même qu’il n’ait eu le temps de comprendre ce qu’il se passait. Après avoir lancé un clin d’oeil à Charlie, il attrapa le bras de Bianca pour se cacher derrière une caisse. « À trois, je cours pour aller chercher d’autres pistolets et tu me couvres, okay ? »
Il démarra son décompte et à trois, il courut aussi vite que possible à l’opposé de la salle dans laquelle il était et attrapa deux pistolets qui traînaient dans une autre caisse et se dépêcha de les remplir d’eau.

Il s’avança ensuite vers Charlie, tira deux coups pour faire diversion et fit glisser un pistolet aux pieds de Bianca. « Bianca, tiens, arrose-la ! » Avec un sourire taquin, il apprécia avec une grande joie l’eau qui lui atterrissait sur sa tenue de civil et sur son visage, ne supportant plus la chaleur du désert qui était encore plus étouffante qu’au commissariat.

Il aurait pu être chez lui, à se morfondre dans un lit en regardant une photo de Madeleine, en admirant l’alliance qu’ils s’étaient échangés le jour de leur mariage, en scrollant les photos d’eux sur son téléphone, en buvant comme un putain d’alcoolique tout en repensant à tout ce qu’ils avaient vécus ensemble. Oui, il aurait pu être chez lui, dans son appartement, dans une solitude qui lui pèse, avec un poids immense sur ses épaules. Mais aujourd’hui, au lieu de rentrer chez lui, il avait préféré se rendre là où Charlie Spinster était en train de concourir. La championne automobile de Rhode l’impressionnait plus que tout. Depuis qu’ils s'étaient croisés lors d’un combat amical, tout semblait avoir changé. Bien sûr, James n’était pas complètement défait de cette rupture, mais il remarquait bien que Charlie le faisait sourire. Si elle avait toujours été très tactile avec lui, il sentait surtout qu’il pouvait être plus calme et plus détendu avec elle. Il n’y avait aucune tension dans l’air quand ils se parlaient, de quoi lui faire véritablement du bien.

Aujourd’hui, avec la chaleur étouffante, quand elle était arrivée dans son dos pour lui tirer dessus avec de l’eau, il avait d’abord eu un réflexe de flic, mais finalement, il s’était rendu compte que cela ne servait à rien : il n’était pas en danger, simplement attaqué par un peu d’eau. Désireux de se défendre, il s’était jeté pour attraper deux pistolets en pensant que cela aurait pu aussi amuser Bianca, mais la jeune femme avait prétexté un rendez-vous pour s’en aller. Comme Charlie, il haussa les épaules et reporta son regard vers elle. Constatant qu’ils se regardaient, une lueur de défi traversa le regard des deux champions
— Et je crois bien que tu vas perdre, lui répondit-il avec un clin d'œil, à son tour.
Cette complicité qui régnait entre eux lui faisait énormément de bien. Même s’ils s’étaient toujours très bien entendus, Charlie et James étaient, en ce moment, plus proches que jamais. Il fallait l’avouer, le brun-blond ne s’était jamais senti aussi bien depuis sa rupture avec Madeleine. Il avait l’impression d’être placé dix ans en arrière, quand il s’amusait avec celle qui n’était pas encore sa femme. Et si ça lui faisait penser à la blonde, cela lui faisait aussi énormément de bien, même s’il ne l’avouerait pas si facilement.

James se retrouvait désormais armé d’un seul pistolet tandis que Charlie en avait deux entre les mains, puisqu’il avait raté sa tentative de lui prendre. Elle tentait de le narguer, mais il n’avait pas l’intention de se laisser faire.
— Quoi, d’être mouillé sous 35°C ? Oui, probablement, fit-il avec ironie. Il tenta de lui tirer dessus, mais Charlie fut plus rapide que lui et l’atteignit à l’épaule. Oh, si tu crois que je vais me laisser faire, tu te trompes, princesse.
Il courut, glissa, se cacha derrière une table qu’il fit tomber sur le côté pour s’en servir de bouclier et tenta de tirer sur Charlie. Seulement, la jeune femme était actuellement trop loin pour ça. Il continua malgré tout de lui tirer dessus pour faire diversion et se lança à nouveau dans une course qui le mit hors d’haleine avant de glisser derrière elle pour lui tirer dessus à son tour.
— On fait moins la maline, maintenant.
Au moment où il s’apprêtait à passer à côté d’elle pour la narguer, James se prit les pieds dans quelque chose, trébucha et tomba malencontreusement sur Charlie qu’il emporta dans sa chute. L’inspecteur de police tenta de se réceptionner sur son poignet mais celui-ci glissa, se tordit et James tomba finalement sur le coude. Dans ce vacarme insupportable, il se releva doucement, à moitié sonné et se tourna vers la jeune femme qu’il avait malheureusement fait tomber avec lui.
— Merde, Charlie, ça va ?
Il se précipita vers elle, inquiet. Finalement, il ne put s’empêcher de réprimer un rire enfantin. Cela faisait extrêmement longtemps qu’il n’avait pas rigolé aussi sincèrement, d’une telle façon. Il secoua la tête en se disant qu’il n’était plus un gamin et pourtant, il gardait un sourire aux lèvres. Il se releva, tendit sa main pour aider Charlie à se relever et fit bouger son poignet droit pour voir s’il n’y avait rien de cassé. Il ne ressentit aucune douleur et décida d’en conclure qu’il n’avait rien. La chute marquant la fin de ces enfantillages, il ramassa le pistolet pour le poser sur un meuble et éviter de le laisser traîner par terre, puis il enleva son tee-shirt trempé qu’il tenta d’essorer, en vain.
— Heureusement qu’il fait chaud, je pourrais pas rentrer comme ça.
Enfin, d’une certaine manière, il aurait pu rentrer sans tee-shirt dans sa voiture pour aller jusque que chez lui, bien sûr. Mais il imaginait déjà les paparazzis le voir sortir d’un endroit où l’on avait vu Charlie rentrer, torse nu, de quoi faire la une. Et puis, on irait chercher un peu qui il est : Olala, le champion de la station service est sorti torse nu d’une possible entrevue avec Charlie Spinster, la championne GP de Rhode. Les gros titres, il les voyait déjà sur son bureau, avec le commissaire qui vient lui remonter les bretelles parce qu’il a une article qui suit sur lui : James Birdwhistle, séparé de sa femme, déjà divorcé et en couple avec une célèbre femme. Et on viendra y dénigrer son poste d’inspecteur de police parce que les journalistes, ils n’avaient que ça à foutre. Alors non, bien évidemment, le jeune homme de trente-cinq ans n’avait clairement pas l’intention de quitter cet endroit sans tee-shirt. Ça faisait trop jaser, d’être célèbre. C’était le comble. Être connu revenait à ne plus pouvoir faire ce que l’on voulait. Hors de question pour lui qu’on se méprenne : il n’était pas avec Charlie et soignait encore le départ de Madeleine, même s’il passait du bon temps.

Il se surprenait à profiter autant des petits moments précieux de la vie, comme une simple bataille d’eau. Il ne comprenait pas comment la vie pouvait lui paraître aussi simple quand il était en sa présence. Parfois, il se disait qu’il aurait aimé que les choses soient plus simples avec Madeleine et qu’ils vivent heureux, happy ever after. Mais visiblement, il avait toujours fallu que tout se complique, qu’elle laisse ses sentiments l’emporter et qu’elle divorce de lui sans qu’il ne s’y attende vraiment - ou plutôt, il n’avait pas envie de voir la vérité en face quand certains signes chez elle avaient pourtant été évident vers la fin. Il balaya Madeleine de ses pensées. Elle venait parfois à la charge, mais il ne pouvait pas gâcher ce moment avec son amie en pensant à son ex-femme.

« Tu crois vraiment que je te sous-estime ? Crois-moi, je n’ai jamais autant estimé quelqu’un à sa vraie valeur. Il ne m’aura pas, fais-moi confiance. » Et il fila, détourna l’endroit où elle était cachée mais trébucha avant même de pouvoir gagner. Alors qu’il se retrouvait au-dessus de Charlie, il recula face à sa phrase, légèrement gêné. Il en rigola néanmoins.

« Je crois que je n’ai pas besoin de tes conseils pour draguer. Et puis, si je voulais t’avoir, je crois que je sais comment je m’y prendrai. » lui lança-t-il avec un clin d'œil. Tu files sur un terrain dangereux, James. Tu le sais très bien. Alors pourquoi ?

Alors qu’il enlevait son tee-shirt trempé, dévoilant son torse, il fit Charlie fait de même et détourna aussitôt les yeux. Il ne voulait pas passer pour un pervers en la relookant. Il n’avait le droit de faire ça qu’à sa femme et à aucune autre. Seulement, tu n’as plus de femme, aujourd’hui. Quand elle s’approcha pour lui tirer le poignet, il ne put retenir ses yeux de lorgner sur son corps fabuleux.

« C’est sûr que j’aimerais éviter d’alimenter sa presse. Surtout si c’est pour dire des conneries, comme ils savent si bien le faire. » Il leva les yeux au ciel tandis qu’elle lâchait son poignet pour lui trouver un tee-shirt. La regarder comme il le faisait le dérangeait, alors il regarda ailleurs jusqu’à ce qu’elle s’adresse à nouveau à lui. « Certainement pas. À moins que tu m’offres une revanche. »

Le soleil continuait de frapper lourdement dehors et l’eau qui avait ruisselé sur le corps de James lui avait fait énormément de bien. Il avait beaucoup apprécié le temps passé avec la jeune femme, même si à la base, il n’était pas venu pour cela. Il aurait aimé pouvoir lui parler directement, mais il s’était laissé prendre au jeu comme le grand gamin qu’il était. Finalement, il avait trébuché et il était tombé sur la jeune femme qui n’avait pas hésité à le taquiner à ce sujet. L’esprit de James gronda en pensant à Madeleine un instant, mais il préféra repousser cette idée et profiter. Lorsqu’il lui répondit, il sentait qu’il glissait sur un terrain dangereux et évidemment, Charlie en profita pour attiser le feu. Tandis qu’elle le regardait de haut en bas, il posa sur elle un regard rempli de défi.

« Il suffirait que je te parle des voitures de course et je suis sûr que c’est dans la poche. » Il haussa un sourcil, rien que pour la provoquer.

Lors de leur dernier échange, James avait préféré couper court à la discussion plutôt que de faire de faux espoirs à Charlie. Il s’en voulait aujourd’hui, d’être parti si brutalement. Surtout quand il savait à quel point il pouvait passer du bon temps avec la jeune femme, à rigoler, à s’amuser comme des gamins - gamin qu’il n’a plus été depuis bien trop longtemps maintenant. C’était à la base pour cela qu’il était venu la voir aujourd’hui : pour s’excuser de son comportement. Seulement, il ne trouva pas tout de suite le courage de le faire. Il attrapa le tee-shirt qu’elle lui tendit et la remercia en l’enfilant tandis qu’elle cherchait des affaires pour elle.

« J’ai déjà une revanche à prendre au combat. » laissa-t-il traîner comme ça. Finalement, elle sortit un tee-shirt et un short de son casier, prête à se changer. « Oh, euh, je vais me tourner. » Il se mit de dos, par respect mais aussi légèrement par gêne. Charlie était loin d’être sa petite copine, et même s’il était venu pour s’excuser, ce n’était pas pour jouer les pervers en la regardant se déshabiller. Sentant son courage revenir comme il ne l’avait pas devant elle, il lâcha, tandis qu’elle se changeait. « Je suis désolé, pour la dernière fois. Le café. D’avoir réagi comme j’ai réagi. C’était en aucun cas pour te blesser, sache-le. »

S’excuser avait été l’une des premières choses qui lui étaient passées par la tête. Notamment parce qu’il tenait beaucoup à Charlie et qu’il avait peur de la blesser à cause de son comportement. Si, la dernière fois, elle lui avait assuré que tout allait bien et qu’elle ne lui en voulait pas, il se sentait toujours un peu coupable de la façon dont il avait réagi. Il avait préféré fuir la situation comme un voleur plutôt que de discuter avec elle, parce que la douleur concernant Madeleine était encore trop vive sur son cœur.
Lorsqu’elle referma la porte du vestiaire, il sentit une nouvelle ambiance tomber. Il se sentait à la fois pris au piège d’une situation dans laquelle il s’était lui-même fourré et pourtant, une petite voix au fond de lui l’obligeait à avouer qu’il n’était pas mécontent d’être seul dans une pièce avec Charlie. « Ca-rré-ment. » la taquina-t-il. Oui, oui, elle était manipulable ! Non ? Bon, c’est vrai qu’il s’avançait un peu, mais quand même. Finalement, la petite pique qu’elle lança lui fit faire une grimace d’abdication. « T’façon, j’aurai ma revanche. » déclara-t-il, sûr de lui. Charlie sauta aussitôt sur l’occasion et James acquiesça vivement, comme s’ils étaient sur la même longueur d’onde. « C’est moi qui vais te botter les fesses, oui. Bon, le souci, c’est que j’ai que trois pokémons sur six pour me défendre face à toi. Quoique, je peux peut-être faire appel à des pokémons qui sont dans mes boîtes, je verrais. »

Il finit par se retourner le temps qu’elle se change. Il continuait de sentir cette boule au fond de son ventre qui grimpa soudainement lorsqu’elle arriva dans son dos pour poser son menton sur son épaule. Il se retint de frémir avant de se retourner tandis qu’elle partait. « Merci. » Il était très reconnaissant de la façon dont elle comprenait les choses et cela le toucha énormément. Il baissa les yeux un instant, instant de silence. Il les releva vers elle et croisa son regard. La même lueur brillait. Des excuses mais des envies. Des non-dits et des sous-entendus balayés d’un revers de la main. Quelque chose flotta dans l’air avant qu’il ne se reprenne. « Les journalistes doivent t’attendre et moi j’ai un boulot aussi qui m’attend, allez. » Il ouvrit la porte du vestiaire et posa sa main dans son dos pour l’accompagner à l’extérieur. « De toute façon, on se tient au courant pour cette revanche, hein ? » lui demanda-t-il en s’éloignant. « Prends soin de toi. » glissa-t-il en dernier.