Les excursions solitaires de Bailey au cœur de la forêt bordant Samagard font désormais partie de son petit quotidien. Les mois passés à Rhode s’accumulent et viennent avec eux une forme d’habitude qui plaît énormément au jeune homme. Ses temps de repos se font rares tant la routine l’emporte et les responsabilités se cumulent parfois plus rapidement qu’il ne parvient à les réaliser. Toutefois il respecte encore ces petits instants de solitude qui lui permettent de mettre de l’ordre dans ses idées et de souffler un peu du brouhaha quotidien.

Aujourd’hui, seul Galilée le Méditikka l’accompagne. Le petit singe lui a été offert par une jeune femme plutôt hautaine mais excessivement jolie qui passait à sa clinique. Disant qu’elle ne savait qu’en faire, elle l’avait presque lancé dans les bras de l’infirmier qui ne pouvait refuser. Gal est un excellent partenaire, plus assuré que son dresseur et d’une douceur qui correspond bien à son caractère. Bailey ne s’en formalise donc pas et apprécie ces temps passés en sa compagnie. Ce soir toutefois quelque chose semble angoisser son partenaire et ses prunelles noires parcourent le sentier avec appréhension. Son partenaire humain l’observe non sans surprise. C’est bien la première fois que le type combat et psy démontre une telle nervosité. Suivant les instincts du Méditikka, le jeune homme se laisse mener hors du sentier sans s’opposer. Le petit les mène dans une section plus sombre de la forêt, porté par un instinct que Bailey ne saurait expliquer. Le soleil décline rapidement à l’horizon, jetant des ombres inquiétantes sur le sol. L’homme originaire d’Unys préférerait ne pas se trouver ici, mais par respect pour son ami, il reste à ses côtés.

Puis il les voit. Rassemblés autour d’un campement de fortune, plusieurs hommes (il ne saurait dire combien), discutent sans l’avoir repéré. Bailey et Galilée s’arrêtent pour écouter, car quelque chose dans leur posture, dans leur présence au cœur de la forêt, les rend suspects. Leur conversation leur parvient finalement, et le jeune homme perçoit quelques bribes qui lui glacent le sang.

«… a quand même bien résisté le Myrin… ‘aurais jamais pensé qu’ils trouveraient le corps quand même.»

«J’te jure que je l’avais enterré !»

Bailey a entendu parler de cette histoire, d’un homme trouvé mort dans le désert. Comme les histoires violentes lui déplaisent, il s’est empressé de mettre le journal de côté ce matin-là, mais il semblait que peu importe où il allait, il entendait cette histoire et les rumeurs d’un retour de la Team Ombre… Bailey s’y refusait d’y croire, mais désormais qu’il entend cette conversation… Qu’est-il en train de surprendre ? D’un geste, le jeune homme attrape la main de Galilée et le force à le suivre en direction du sentier, espérant ne pas avoir été entendu. Malheureusement, il entend les hommes derrière appeler à sa suite et se redresser. Aussitôt, Bailey se met à courir au hasard dans la forêt, le Méditikka sur les épaules. Son cœur bat à tout rompre. Est-il encore suivi ? Un cri lui échappe quand il menace de renverser quelqu’un sur son passage. Un moment, il panique, pensant qu’il a été rattrapé… mais l'homme en question ne faisait pas partie du groupe de tout à l'heure.

«Cassez vous ou ils vont vous avoir vous aussi !» fait un Bailey complètement paniqué.

Le jeune homme tente d’agripper son aîné pour le tirer avec lui dans sa course. L’autre acceptera-t-il de le suivre ?

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@bailey d. warren

tw : violence.

Il arrivait parfois qu’il soit nécessaire de s’éloigner de son secteur. En tant que lieutenant de police, avec tout ce qu’il se passait en ce moment, James avait un rôle capital dans la résolution des grosses enquêtes qui touchaient la région de Rhode. Récemment, il avait découvert au cours d’une excursion avec Charlie un pokémon Obscur. Cela faisait pourtant une bonne dizaine d’années qu’ils avaient été éradiqués. Du moins, il ne devait plus en exister aucun depuis cette période-là, tous étant supposés purifiés. De plus, Michael avait fait en sorte à l’époque que toutes les organisations criminelles liées à cela soient dissoutes. Il avait fait tomber les grosses têtes de la Team Ombre, dispersant alors les membres. Cette année, il avait fêté sa victoire dix ans plus tôt lors du Festival du Soleil. Néanmoins, James avait plutôt eu la sensation que cela avait permis aux groupes dissidents d’affirmer leur pouvoir, de montrer qu’ils étaient encore présents et d’effrayer la population.

L’agent Birdwhistle en avait encore des frissons dans le dos à cause de la dernière excursion. Néanmoins, le Grimalin Obscur qu’ils avaient rencontré avec la championne de GP avait fort heureusement capturé et emmené au laboratoire. James savait qu’il avait été purifié par le Professeur Syrus, mais il restait encore de nombreux points à éclaircir ensemble, notamment sur l’origine de son apparition. James soupçonnait la Team Ombre de chercher à nouveau à se regrouper, potentiellement sous un nouveau chef qui devait avoir repris la tête de l’organisation. S’ils devaient être encore faibles, le lieutenant savait qu’ils ne tarderaient pas à gagner en puissance. Ils avaient réussi à mettre la pagaille dans la région avec l’apparition d’un seul pokémon Obscur. Que deviendraient-ils le jour où il y en aura davantage qui seront en train de courir les rues pour tout saccager et effrayer les passants ?

Le policier avait décidé d’aller faire un tour dans la forêt bordant Samaragd avant de rejoindre le laboratoire, apprenant que le professeur s’était éclipsé pour deux petites heures. James avait donc le temps d’aller faire un tour par là-bas. Au pire, il pourrait rencontrer quelques pokémons et en capturer, sinon, cela pouvait aussi constituer une patrouille de routine. Tandis qu’il marchait tranquillement, Zeus le suivant de près, il entendit des bruits de course. Tous ses sens aux aguets, il commença à avancer rapidement vers les mouvements. Un homme surgit de nulle-part et lui rentra dedans de plein fouet. James manqua de tomber à la renverse tandis que l’homme le tirait pour le pousser à courir. Instinctivement, il le retint, l’empêchant de s’en aller et sortit son arme, s’attendant à voir débarquer des assaillants. « Restez-là. » gronda-t-il à l’homme qui avait failli le renverser. Quelques secondes plus tard, deux hommes surgirent à leur tour, essoufflés, une expression malsaine sur le visage. Le flic recula d’un pas, prenant en joue les deux hommes. Il hésita à viser aussi la première personne. Il arrivait parfois que ce genre de choses soient des coups montés pour piéger les policiers. Mais Zeus avait déjà anticipé et le regardait avec sérieux, faisant crépiter l’électricité autour de lui. « Je peux savoir ce qu’il se passe ici ? »

L’arme de l’autre luit sous l’éclat d’un soleil joueur. Pourtant, Bailey n’est pas amusé. La vision du pistolet le fait aussitôt relâcher le jeune homme dans un cri rauque qu’il n’a pas pu retenir. S’est-il trompé sur l’étranger ? Une poignée de secondes depuis leur brutale rencontre n’a évidemment pas suffi à faire une analyse poussée de l’inconnu : sinon il aurait probablement remarqué l’uniforme qui lui aurait bien entendu indiqué qu’il n’a aucune raison de s’en faire. Du moins est-ce ce qu’une personne au passé banal aurait tissé comme pensé. Bailey lui, a été trop souvent désabusé de l’uniforme, de ce qu’il représente. La police ? Quoi encore ! Le jeune homme n’a jamais eu confiance en eux, bien au contraire. Au cœur du ghetto où il a grandi, les policiers ne lui sont jamais venus en aide, bien à l’inverse. Il voit encore à travers ses lunettes d’autrefois. Pâle et mal à l’aise, il entend les autres les rattraper et se convainc que ce sera la fin. Un instinct pulse dans ses veines. Il ne veut pas mourir, pas ici pas maintenant. Surveillé par le Raichu de l’officier, Bailey demeure particulièrement tranquille, appréhendant la suite de cette rencontre.

Ses mains tremblent, son visage s’est couvert de sueur. Le flingue le rend malade; il aimerait le voir disparaître. La violence sous toutes ses formes a tendance à compresser son estomac, le nouer douloureusement. Le petit Méditikka se blottit un peu plus contre lui, comme pour se rassurer. Lui aussi a peur. Le policier exige des explications et le jeune homme originaire d’Unys ne parvient pas à s’exprimer. Un des deux hommes s’étant lancé à sa poursuite prend les devants.

«Il est v’nu foutre la merde dans notre campement, monsieur l’agent, je le jure !»

Comme il semble innocent tout à coup… Bailey s’est refermé devant l’explication mensongère de l’homme et observe à présent l’officier, le front plissé, incapable de dire quoi que ce soit. Ses prunelles se sont assombries. On le croira coupable, n’est-ce pas ? Comme d’habitude. Le petit voyou en lui resurgit malgré toutes ses tentatives pour le taire. Ses pensées filent à une vitesse folle. «Je n’ai rien fait et je serai arrêté. Encore une fois, un jugement basé sur l’apparence.» se dit-il. En se refermant ainsi, Bailey ne plaide pas sa cause du tout, au contraire. Heureusement pour lui, son Pokémon est plus réactif, s’adressant au Raichu à ses pieds en lui expliquant dans ses mots la situation. Cela les aidera-t-il ?

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tw : violence.

James aurait été incapable de dire s’il devait se fier directement à la première personne qui s’était présentée à lui ou si, au contraire, il devait se méfier de ceux qui paraissent innocents. Trop de fois, il était tombé sur des personnes qui prétendaient être innocentes, qui parvenaient à lui retourner le cerveau grâce à leur charisme et leur talent d’acteur. Il n’avait pas été dans la police depuis bien longtemps contrairement à certaines personnes qu’ils connaissaient dans le milieu - dix ans, ça pouvait être loin, mais en tant que flic, on avait encore le temps de découvrir de quoi nous surprendre. Le lieutenant de police avait décidé de pointer son arme directement vers la personne qui s’était jetée sur lui, se demandant encore s’il devait le croire ou non. Après tout, s’il était véritablement suivi, ses assaillants arriveraient d’une minute à l’autre, n’est-ce pas ? Et en effet, deux autres personnes surgirent. Ils accusèrent le premier homme, tandis que ce dernier semblait trembler de peur.

James l’examina un instant. Il se demandait sérieusement s’il devait douter de lui. S’il avait l’air effrayé, ni pipant mot, il ne plaidait pas non plus sa cause alors qu’on l’accusait probablement de quelque chose qu’il n’avait pas fait. Une telle injustice devrait pourtant le révolter, mais il resta muet comme un magicarpe. Était-ce parce qu’il était incapable de mentir ? Comme dans toute situation délicate, James devait absolument réfléchir rapidement et il le savait. Lorsque cette pression se posa délicatement sur ses épaules, il la prit comme à son habitude, avec fermeté. Le lieutenant plissa les yeux.

« Qu’est-ce que vous faisiez en plein milieu de la forêt avec un campement ? Du camping, peut-être ?
— Exact, m’sieur. On veut rien faire d’mal nous, vous savez. C’est lui, dit-il en le pointant du doigt, qui est venu nous emmerder. Excusez-moi du langage, ajouta-t-il précipitamment en remarquant l’expression de James, mais il est venu nous espionner et je suis sûr qu’il était v’nu pour nous voler quelque chose ! Il l’aurait fait, si on l’avait pas vu, il …
— Mais il ne l’a pas fait n’est-ce pas ? »

L’homme resta bouche bée pendant un instant. James avait remarqué du coin de l'œil que le Méditikka du premier homme s’était approché de son Raichu pour lui expliquer quelque chose. À en croire l’air grave de son pokémon et à l’allure tout aussi suspecte des hommes qui s’étaient fait un campement dans les bois, il doutait désormais moins du comportement du premier homme.

« Non m’sieur, mais …
— Bien. Alors retournez à votre campement, et moi je m’occupe de lui. Allez, les pressa-t-il en bougeant nonchalamment la main qui tenait son pistolet. »

James attendit qu’ils ne soient plus à portée d’oreille avant de se tourner vers l’inconnu.

« Qu’est-ce qu’ils vous voulaient, exactement ? »